BJN#237 – Garder la tête froide améliore les impatiences en dialyse !
Merci à Simona Boncila, néphrologue à Martigues et membre du conseil scientifique pour ce résumé.
N’hésitez pas, si vous le souhaitez, à nous envoyer vos lectures !
Cette BJN est rédigée en rapport avec cet article :
Pharmacological and non-pharmacological treatments for restless legs syndrome in end-stage kidney disease : a systematic reviewand component network meta-analysis, publié par : Jia-Jin Chen et al dans NDT en Octobre 2022.
Introduction :
Le syndrome des jambes sans repos (SJSR) est une maladie neuromusculaire, caractérisée par des sensations désagréables dans les membres inférieurs, survenant particulièrement au repos et le soir, soulagées par le mouvement. La prévalence chez les patients avec maladie chonique terminale (MRCT) est entre 6,6%-70%. Ce syndrome est responsable d’une mauvaise qualité de vie et il est associé à une augmentation des événements cardio-vasculaire et de la mortalité.
Il s’agit d’une revue systématique de la littérature et une méta-analyse des traitements pharmacologiques et non- pharmacologiques pouvant avoir un bénéficie sur le SJSR.
Matériel et méthode:
Une méta-analyse en réseau a été réalisée à partir d’une selection d’essais randomisés-contrôlés portant sur les patients dialysés chronique atteint de SJSR. Le niveau de preuve a été confirmé en utilisant la technique CINeMA.
L’objectif primaire était la réduction de la sévérité du SJSR (évalué par le score IRLS) et l’objectif secondaire était de déterminer l’impact sur la qualité du sommeil et les effets indésirables des traitements.
Résultats :
24 études randomisées-contrôlées ont été incluses. Un total de 1252 participants ( 53,6% de femmes, avec une moyenne d’âge de 53.7 ans) ont été répartis de manière randomisée dans 1 des 14 groupes recevant un traitement (agonistes dopaminergiques, n=118 ; Gabapentine, n=86 ; Fer, n=27 ; vitamine C, n=30 ; vitamine E, n=15 ; vitamine C et E, n= 15 ; dialysat froid, n=52 ; exercice de stretching intra-dialytique, n=64 ; exercices aérobiques intra-dialytiques et agonistes dopaminergique, n=7 ; massage aromathérapie, n=186 ; réflexologie, n=665, acupuncture, n=64 ; stimulation électrique neuromusculaire, n= 30) ou dans le groupe contrôle (n=395).
Le dialysat froid (35.5°C) réduit le plus le score de sévérité du SJSR, (DM 16.82 [95% IC 10.635-23]) et a un niveau élevé de preuve. Sur la seconde place arrive le stretching intra dialytique (DM 12 [95% IC 7.04-16.97)] et il y a des bénéfices également avec le massage aromatique (DM 10.91 [95% IC 6.96-14.85]) et la réflexologie (DM 8.05 [95% IC 2.73-13.27]), mais avec l’intervalle de confiance limité.
Parmi les traitements pharmacologiques la Gabapentine est le plus efficace (MD 8.95 [95% CI1.95-15.85]) et elle améliore également la qualité de sommeil.
En ce qui concerne les effets indésirables il n’y avait pas de significativité statistique par rapport au groupe contrôle.
Conclusions :
Le dialysat froid est le plus efficace et le plus approprié pour traiter les patients hémodialysés présentant un SJSR, de plus il a d’autres bénéfices comme la réduction des hypotensions intra-dialytique, de la fatigue et de l’ischemie cérébrale. La Gapapentine (administré 100-300 mg après les séances de dialyse) est le traitement médicamenteux le plus puissant et améliore la qualité du sommeil.
Les plus de l’article :
L’utilisation des méthodes statistiques spéciales : la méta-analyse en réseau pour évaluer l’effet de chaque élément des interventions pharmacologique ou non pharmacologique et la technique CINeMA pour établir le niveau de preuve.
Les traitements non-pharmacologiques n’ont jamais été inclus et étudiés dans une meta-analyse jusqu’à présent.
L’étude a démontré que différents types d’exercices intra-dialytiques réduisent la sévérité du SJSR.
Les limites de l’article :
L’étude a regroupé tous les différents agonistes dopaminergiques dans un seul groupe, ne tenant pas compte des molécules differentes. Les massages aromathérapeutiques constituaient également un seul groupe, malgré l’utilisation des différentes huiles essentiels.
La courte durée de l’intervention (2-24 semaines) ne permet pas l’extrapolation des effets bénéfiques à long terme.
La majorité des études étaient réalisées chez des patients en hémodialyse à part un seul qui incluait des patients en dialyse péritonéale.
La plupart des comparaisons avaient un intervalle de confiance bas à très bas.