Les jeunes néphrologues publient : Entrez dans la matrice! Épidémiologie des MAT limitées aux reins
Le CJN s’attache à mettre en avant les travaux scientifiques de ses membres et de la jeune génération néphrologique. Nous relayons ici l’article écrit par les Drs Valentin Maisons, Anne-Hélène Quérard, Mickaël Bobot et l’équipe de la cohorte collaborative MATRIX. Félicitation à eux pour ce beau travail!
Titre : Assessment of epidemiology and outcomes of adult patients with kidney-limited thrombotic microangiopathies
Journal : Kidney International
Lien: https://www.kidney-international.org/article/S0085-2538%2824%2900170-4/abstract
Auteurs : Valentin Maisons, Anna Duval, Laurent Mesnard, Marie Frimat, Fadi Fakhouri, Steven Grangé, Aude Servais, Claire Cartery, Laurent Fauchier, Paul Coppo, Dimitri Titeca-Beauport, Nicolas Fage, Yahsou Delmas, Anne-Hélène Quérard, Guillaume Seret, Mickaël Bobot, Moglie Le Quintrec, Simon Ville, Florent von Tokarski, Sophie Chauvet, Alain Wynckel, Manon Martins, Juliet Schurder, Christelle Barbet, Bénédicte Sautenet, Philippe Gatault, Sophie Caillard, Vincent Vuiblet, Jean-Michel Halimi, for the MATRIX consortium group
Résumé : MATRIX est une cohorte collaborative nationale Française coordonnée par Tours sous l’égide du CNR-MAT. Elle compte à l’heure actuelle pas loin de 1100 patients inclus dans 26 centres.
L’équipe a le plaisir de vous présenter son premier article sur les microangiopathies thrombotiques rénales isolées. Tout de suite le résumé en Français, nous vous invitons à lire l’article pour en savoir plus.
Introduction : Les microangiopathies thrombotiques (MAT) sont généralement associées à des caractéristiques hématologiques (RH-MAT). L’épidémiologie des MAT limitées aux reins (RL-MAT) n’est pas claire.
Méthodologie : Par conséquent, des patients avec MAT et biopsies de reins natifs ont été identifiés entre 2009 et 2022 dans 20 hôpitaux français et les résultats ont été évalués.
Résultats : La RL-MAT était présente chez 341/757 (45%) patients et associée à des taux de créatinine plus faibles (médiane 184 vs 346 μmol/L) que la RH-MAT. La RL-MAT était associée pratiquement toutes les causes KDIGO identifiées, plus fréquemment du traitement anti-VEGF et des hémopathies malignes, mais moins fréquemment avec le syndrome hémolytique et urémique associé à la shigatoxine, la sclérose systémique, la gemcitabine ou. les infections bactériennes, et encore moins fréquemment lorsque trois causes/déclencheurs ou plus étaient combinés (RL-MAT : 5 % ; RH-MAT : 12 %).
La RL-MAT a été associée à un nombre significativement plus faible d’événements cardiovasculaires majeurs (10 % contre 20 %), de traitements de suppléance rénale (23 % contre 43 %) et de décès (12 % contre 20 %) que la RH-MAT au cours du suivi (médiane de 28 mois).
Un SHU atypique a été constaté chez 326 patients (RL-MAT : 43%, RH-MAT : 44%). Parmi les 69 patients présentant un SHUa avec preuve de médiation par le complément, l’éculizumab (thérapie anti-C5) a été utilisé chez 43 d’entre eux (62%) (RL-MAT : 35% ; RH-MAT : 71%). Parmi les 257 autres patients atteints de SHUa, dont 51 % de RL-MAT, l’éculizumab était utilisé chez 29 d’entre eux, mais les effets de ce traitement restent flous.
Conclusion : Ainsi, les RL-MAT représentent une proportion très élevée des patients atteints de MAT et résultent de pratiquement toutes les causes connues de MAT, y compris 25 % des patients atteints de SHUa médié par le complément. Les effets indésirables de la RL-MAT sont moins importants que ceux de la RH-MAT, mais restent significatifs. La thérapie anti-C5 a été rarement utilisée dans la RL-MAT, même dans les cas avérés de SHU à médiation par le complément, et ses effets restent à évaluer.