BJN#164 – L’atteinte cognitive au cours de l’IRC ne se voit pas à l’IRM…
Cet article du BJN est rédigé en rapport avec les références bibliographiques suivantes :
Hartung EA, Erus G, Jawad AF, Laney N, Doshi JJ, Hooper SR, Radcliffe J, Davatzikos C, Furth SL. Brain Magnetic Resonance Imaging Findings in Children and Young Adults With CKD. Am J Kidney Dis. 2018 Sep;72(3):349-359. doi: 10.1053/j.ajkd.2017.11.024. Epub 2018 Feb 15. PMID: 29398180; PMCID: PMC6070426.
Lien vers l’article : Brain Magnetic Resonance Imaging Findings in Children and Young Adults With CKD
Merci à Mickaël Bobot, Néphrologue à Marseille, membre du Comité Scientifique du CJN, pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !
Introduction
L’altération des fonctions neuro-cognitives est fréquente et précoce au cours de la maladie rénale chronique (MRC). Elle apparaît sous la forme d’une démence de type vasculaire dont la physiopathologie est mal comprise, de même que les bases neuro-anatomiques qui sont en rapport avec cette altération.
Ce travail a étudié comment la MRC pouvait affecter la structure cérébrale à l’IRM et comment des altérations neuro-cognitives pouvaient être associées à des modifications structurelles cérébrales.
Patients et méthodes
- 85 patients avec une MRC stade II à V et 63 contrôles sains entre 8 et 25 ans
- Volumes cérébraux évalués en IRM dans 19 régions d’intérêt (ROI) cérébrales pré-spécifiées de substance blanche et de substance grise et de liquide céphalo-rachidien
- Ajustement des comparaisons multiples par correction de type FDR (False Discovery Rate)
- Batterie de 7 tests cognitifs incluant des tests évaluant l’intelligence, l’attention, la mémoire de travail et les fonctions exécutives, réalisés par un examinateur entraîné et un psychologue
Résultats
En analyse non ajustée, les patients avec une MRC avaient des volumes cérébraux totaux, corticaux et des volumes de substance grise pariétale gauche plus faibles que les contrôles.
Mais aucune différence n’était retrouvée après ajustement.
Chez les patients MRC : un DFG plus bas était associé à une augmentation du volume de la substance blanche totale et frontale en analyse non ajustée, mais aucune différence n’était retrouvée non plus après ajustement.
Les patients transplantés rénaux présentaient des volumes de substance grise totale, frontale, pariétale (bilatérale) plus basse, et un volume de substance blanche totale plus importante que les contrôles.
Les performances cognitives n’étaient pas associées aux volumes cérébraux à l’IRM dans le groupe MRC.
Conclusion
Les modifications de structures cérébrales aux stades précoces de la MRC chez les enfants et les adultes jeunes, sont très subtiles (atrophie cérébrale régionale et augmentation du volume de la substance blanche). L’altération des fonctions cognitives n’est pas expliquée par ces différences, suggérant une atteinte plutôt fonctionnelle que structurelle.
Les plus du papier
- Large étude prospective en population de jeunes MRC
- L’intérêt de choisir des patients jeunes, pour s’affranchir des nombreuses comorbités des patients MRC plus âgés pouvant induire des modifications cérébrales (atrophie cérébrale, HTA ancienne, diabète, maladies vasculaires etc…)
- Méthodes de quantification IRM automatisées et précises
- Nombreux domaines cognitifs explorés
- Ajustement par correction des résultats après comparaisons multiples pour s’affranchir de résultats faussement significatifs
Les critiques
- Etude transversale ne permettant pas d’évaluer d’éventuelles modifications cérébrales au cours du temps, parallèlement au déclin cognitif
- Analyse limitée à des régions pré-spécifiées
- Effectif de patients transplantés probablement trop faible pour conclure sur l’impact de la transplantation rénale sur la modification des structures cérébrales, et ces patients ont également été en hémodialyse chronique pour 71% d’entre eux
- Pas de prise en compte du stade de la puberté qui peut affecter le développement cérébral