BJN #31 : De l’incapacité de la parathormone à nous renseigner sur l’os de nos patients
Bone histomorphometry in de novo renal transplant recipients indicates a further decline in bone resorption 1 year posttransplantation.
7 à 10% des patients transplantés font l’expérience d’une fracture osseuse durant leur vie. Ce risque est plus élevé chez les patients transplantés comparativement à la population générale et la population dialysée (30% de risque en plus lors des 3 premières années de greffe)
L’épidémiologie de la pathologie osseuse de l’insuffisante rénale chronique a beaucoup évolué au cours des dernières décennies. L’ostéite fibrosante a laissé place progressivement à l’os adynamique. Cette évolution est importante à prendre en compte car elle conditionne la prise en charge osseuse de ces patients.
Une équipe belge a ainsi réalisé une étude prospective observationnelle sur un an pour essayer d’étudier l’histoire naturelle de l’os de patients nouvellement transplantés. Une biopsie le jour de la greffe et une biopsie à M12 étaient ainsi réalisées. Du fait de la lourdeur de la procédure seulement 60 patients sur 346 ont pu réaliser la biopsie le jour de la transplantation et 36 seulement ont acceptés la biopsie à M12. Les résultats étaient corrélés aux marqueurs inflammatoires, au traitement et aux marqueurs du métabolisme osseux.
Alors que la PTH était en moyenne autour de 230ng/L, 44,4% des patients présentaient un os adynamique le jour de la transplantation. 52,8% avait un turnover normal et 2.8% un turnover élevé.
A un an, un turn-over osseux bas était le plus souvent retrouvé (64%), les biopsies itératives confirmant la réduction de l’activité osseuse.
C’était les marqueurs d’ostéoclastose qui étaient les plus significativement abaissés (TRAP5b notamment).
La perte de l’os trabéculaire était essentiellement le fait de la dose cumulée de corticoïde et non du taux de PTH.
L’hypercalcémie n’était pas en relation, quand elle existait, avec un turn-over élevé.
Certes, ces données sont insuffisantes pour conclure de manière définitive, mais il semblerait que la prévalence de l’os adynamique n’encourage pas à freiner de manière systématique toute hyperparathyroidïe en pré-transplantation, vu la pérennisation de ce phénotype adynamique à 1 an de greffe.
Dans tous les cas, cette étude nous montre, s’il en est encore besoin, que nous sommes « borgnes » pour apprécier la qualité de l’os de nos patients avec une simple PTH.
Merci à Antoine Braconnier (Néphrologue CHU Reims, Comité Scientifique du CJN) pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !