BJN # 41 Activité physique des patients dialysés
Exercise in patients on Dialysis: A multicenter, randomized Clinical Trial
Les bénéfices cliniques de l’exercice physique chez les patients dialysés a déjà été démontré dans plusieurs publications, néanmoins l’intensité et la répartition optimale entre les périodes dialytiques et interdialytiques reste à définir. De plus ces programmes se confrontent rapidement à des problèmes économiques, d’organisation et d’adhésion des patients.
Les auteurs ont ici testé un programme simple, individualisé, d’entrainement à domicile, dans le cadre d’une étude multicentrique randomisée.
Voir la vidéo du programme d’exercice
Résultats:
Les données de 227 patients ont été analysées (2009-2011), ils étaient issus de 13 centres de néphrologie et ont été répartis dans 1 bras « exercice » (n=104) et un bras contrôle (n=123). Les patients étaient en majorités traités par hémodialyse (n=90) et a moindre niveau par dialyse péritonéale continue ambulatoire (n=14). Les deux groupes étaient comparables.
Assiduité au programme d’exercice:
Parmi les 104 patients qui ont pu être réévalués à 6 mois, 87.5% ont rapporté leur assiduité au programme. Le nombre moyen de séances effectuées était de 119+/-103 (7-336), correspondant à 83% des séances prescrites. L’adhésion au programme d’exercice était élevée pour 55 patients et bas pour 49 patients. Les principaux déterminants de mauvaise participation étaient le peu d’intérêt, les problèmes orthopédiques, les problèmes intercurrents non orthopédiques et les problèmes liés au travail.
Effets du programme d’entrainement:
Pas d’effet observé sur la tension artérielle et la fréquence cardiaque. Pas d’impact sur les valeurs d’urée, créatinine, albumine, le bilan lipidique et les KT/V.
Amélioration significative du test de marche de 6 min (+41m vs +3 m, p< 0.001), et du test de résistance des membres inférieurs (5STS) (p<0.001) dans le groupe test par rapport au groupe contrôle, avec mise en évidence d’une relation dose-effet entre le niveau d’adhésion au programme et le gain sur ces aptitudes. (p< 0.001 pour TM6 et p=0.01 pour 5STS).
La proportion de patients incapables (totalement ou partiellement) d’effectuer l’épreuve 5STS était significativement réduite dans le groupe exercice.
Pas d’influence de la modalité de dialyse sur le résultat.
Qualité de vie et sécurité:
Pas de différence significative entre les groupes sur le score KDQOL-SF. (Les items portant sur les interactions sociales et les fonctions cognitives étaient améliorés).
Bonne tolérance globale du programme d’entrainement, aucun évènement indésirable majeur rapporté.
Pour les patients ayant complété le programme d’entrainement: réduction des hospitalisations (p=0.04)
Conclusion:
Ce travail multicentrique montre qu’un programme de réadaptation physique peu intense et individualisé, à domicile, permet une bonne adhésion des patients et des améliorations significatives des performances fonctionnelles. Les effets sont ténus en termes d’impact sur la morbi-mortalité, mais ceci est essentiellement du a la durée de l’étude. On peut en effet supposer un impact nettement plus significatif sur le long terme. La cohorte EXCITE a d’ailleurs montré sur un suivi étendu a 3 ans, qu’une progression de 40 m sur le TM6 entraine une diminution de 23% du risque de mortalité et une réduction de 8% du risque d’hospitalisation.
Merci à Guillaume Seret (Néphrologue ECHO Nantes, Comité Scientifique du CJN) pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !