BJN spéciale SFT juniors #6: les chémokines urinaires pour la détection du rejet
En 2024, la SFT juniors a pu proposer des bourses pour que des jeunes médecins et scientifiques impliqués en transplantation d’organe puissent aller présenter leurs travaux à l’ESOT 2024 à Athènes.
En collaboration avec la SFT juniors, les récipiendaires de ces bourses vous proposent cette semaine une série de résumés de communications auxquelles ils ont pu assister à l’ESOT. N’hésitez pas à vous informer sur la SFT juniors!
Aujourd’hui, Valentin Goutaudier de Paris nous rapporte une communication d’Elisabet Van Loon, de Louvain.
Validation clinique de tests automatiques de mesure des chémokines urinaires pour la détection non-invasive du rejet en transplantation rénale
Contexte
Les chémokines urinaires sont des biomarqueurs candidats intéressants pour la détection non-invasive du rejet en transplantation rénale, mais leur utilité clinique n’a pas encore été démontrée. L’objectif de cette étude était d’évaluer leurs performances diagnostiques pour détecter le rejet en association avec les paramètres du soin courant.
Méthodes
Il s’agit d’étude de cohorte monocentrique prospective non sélectionnée. Six cent vingt-deux patients transplantés en Belgique entre avril 2019 et juillet 2023 ont été inclus dans l’étude, pour lesquels les auteurs disposaient de 1559 biopsies de greffons avec un recueil concomitant d’échantillons d’urine. Une validation externe a été réalisée sur 986 biopsies avec un recueil concomitant d’urines provenant de 4 cohortes précédemment publiées. Les chémokines urinaires CXCL9 et CXCL10 ont été mesurées avec un test automatisé (Ella®) et normalisées avec la créatininurie. Les chémokines urinaires ont été intégrées dans un modèle multivarié prédictif du rejet comprenant également des paramètres du soin courant (fonction rénale, anticorps spécifiques du donneur, virémie BK). Le critère de jugement principal était le rejet aigu (cellulaire, humoral ou mixte) défini selon la classification de Banff 2019.
Résultats
Les performances diagnostiques de CXCL9 (logCXCL9/Cr) et CXCL10 (logCXCL10/Cr) seules pour détecter le rejet étaient modérées, avec des ROC-AUC respectivement à 0,72 (IC 95%, 0,67-0,77) et 0,70 (IC 95% 0,65-0,75). Un modèle intégrant les chémokines urinaires et des paramètres du soin courant (fonction rénale, anticorps spécifiques du donneur, virémie BK) avait de meilleures performances diagnostiques (ROC-AUC 0,81, IC 95% 0,77-0,85). Ce modèle avait une sensibilité de 75,2%, une spécificité de 71,4%, une valeur prédictive de 22,2% et une valeur prédictive négative de 96,3% pour détecter le rejet avec un seuil optimal défini avec l’indice de Youden. Ce modèle intégré pourrait éviter 59 biopsies protocolaires par 100 patients quand le risque de rejet est inférieur à 10%. Les performances de ce modèle étaient similaires dans les cohortes de validation externe.
Perspectives et implications
Cette étude suggère que l’utilisation d’un modèle intégrant les chémokines urinaires et des paramètres du soin courant pour détecter le rejet de manière non-invasive pourrait réduire le nombre de biopsies. Ces résultats doivent être confirmés dans un essai clinique randomisé prospectif pour valider l’utiliser clinique des chémokines urinaires dans la détection du rejet.
Limites
- Étude transversale ne permettant pas une étude longitudinale des biomarqueurs.
Le modèle utilisant les paramètres du soin courant pourrait être amélioré en intégrant d’autres déterminants cliniques connus du rejet (antécédent de rejet, traitement d’induction, etc) afin de mieux démontrer l’utiliser clinique des chémokines urinaires