BJN # 49 L’HDF nocturne un jour sur deux : A plein régime!
Eight-Year Experience with Nocturnal, Every-Other-Day, Online Haemodiafiltration
Introduction
La survie des patients traités par hémodialyse 3 fois 4 heures par semaine est mauvaise. De nouvelles modalités doivent donc être déterminées afin d’améliorer leur survie tout en leur permettant d’être insérés socialement. L’HDF longue nocturne, 1 séance de 7h à 8h tous les 2 jours, pourrait permettre d’associer l’augmentation du temps de dialyse, la suppression des intervalles de 3 jours, les bénéfices épuratifs de l’HDF en ligne post-dilution (OL-HDF) et de favoriser la vie privée. Les auteurs rapportent leur expérience sur 8 ans de la pratique de l’OL-HDF nocturne, 1 jour sur 2.
Patients/matériels et méthodes
Il s’agit d’une étude observationnelle monocentrique rétrospective. Les patients étaient traités par OL-HDF nocturne tous les 2 jours, 3 mois minimum après l’initiation de l’épuration extrarénale. Les modalités techniques (HDF-post, FX 60 ou 80, générateur 4008 ou 5008, Qb 350- 400ml/min, Qd 600-800ml/min, Qsubst 80-120ml/min), les alarmes et la surveillance n’étaient pas différentes des séances de journée, en dehors de la présence d’une infirmière pour 5 patients. Du phosphore a été ajouté dans les concentrés acides afin de limiter la survenue d’hypophosphorémie en cours de séance de dialyse Des bilans biologiques ont été réalisés tous les 3 mois.
Résultats
57 patients (40 hommes et 17 femmes) âgés en moyenne de 48,8 ans, dont la plupart (63%) travaillait, ont été inclus. Du fait de l’accession à la greffe, la majorité des patients ont été suivis pendant un an (50 patients – 88%) ou 2 ans (32 patients – 56%), seuls 9 patients (16%) ont été traités pendant plus de 4 ans. Les résultats sont donc présentés pour la plupart à 2 ans.
Les paramètres d’épuration sont excellent (Kt en ligne 110.2L, Volume convectifs 46.6L,), les données nutritionnelles s’améliorent (poids sec augmentant de 3kg), la dose d’EPO de même que l’index de résistance à l’EPO diminuent presque de moitié, la phosphatémie avant dialyse diminue permettant l’arrêt des chélateurs du phosphore pour 96% des patients à 1 an et nécessite l’ajout de phosphore dans les bains de dialyse pour les ¾ à 2 ans. La tension artérielle se normalise (¼ de comprimé / jour en moyenne).
Plus de 25200 séances ont été réalisées et seules 115 ont été émaillées d’un incident nécessitant une intervention médicale, principalement pour des problèmes infectieux ou d’abord vasculaire. 62 hospitalisations pour un total de 249 jours d’hospitalisation soit 0.44 hospitalisation/patient/année sont intervenues, majoritairement pour des problèmes infectieux (30.6%) et de dysfonction d’abord vasculaire (24.2%).
Conclusion
L’HDF-OL nocturne réalisée 1 jour sur 2 est une technique très efficace (amélioration des paramètres d’épuration, du contrôle de la tension artérielle et de l’hyperphosphorémie) et sûre (peu d’incident ou d’hospitalisation) qui permet de poursuivre une activité professionnelle avant la réalisation du projet de transplantation rénale.
Les plus du papiers
Il s’agit d’une cohorte importante, mettant en évidence la faisabilité de la technique et son intérêt pour des patients jeunes en attente de transplantation rénale. Il s’agit aussi d’une des premières descriptions de l’utilisation de l’HDF-OL à haut volume convectif sur des durées prolongées sans mise en évidence de complication spécifique.
Les critiques
Cette étude n’est pas contrôlée et le délai de suivi moyen ne permet pas de mettre en évidence de gain de survie/morbidité. Les complications spécifiques à la technique d’HDF, en particulier carentielles (vitamine C, oligoéléments) ne sont pas rapportées alors que la dose de dialyse importante reçue peut le faire craindre. La description des accidents de déconnection n’est pas bien décrite, ni les moyens de prévention alors qu’il s’agit d’une des complications redoutée en dialyse de nuit. Enfin, l’utilisation de locaux adaptés, de report d’alarmes, de chambres individuelles permettrait d’améliorer le confort des patients.
Merci à Thibault Dolley-Hitze (Néphrologue à l’AUB santé à Saint-Malo, Comité Scientifique du CJN) pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !