BJN#79 Et si on se mettait à donner du Magnésium aux patients dialysés ?
Dietary magnesium supplementation prevents and reverses vascular and soft tissue calcifications in uremic rats
Merci à Lucille Figueres, Néphrologue à Nantes et membre du conseil scientifique du CJN, pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !
Introduction
Les pathologies cardiovasculaires, favorisées par les calcifications vasculaires, sont responsables d’une morbidité et d’une mortalité importante chez les patients dialysés chroniques. Si le rôle du phosphate dans la genèse de ces calcifications est bien connu, peu d’équipes ont évalué les conséquences de la carence en magnésium (Mg) chez les patients dialysés chroniques. Pourtant, il est connu que la carence en Mg est associée dans la population générale à l’athéromatose, l’insulinorésistance, la dyslipidémie et la dysfonction endothéliale (Maier JA et al. Clin Sci 2012). L’hypomagnésémie est associée à une augmentation de la mortalité toute cause confondue (dont cardiovasculaire) chez les patients dialysés. In vitro, le Mg prévient la cristallisation de l’hydroxyapatite et pourrait potentiellement diminuer les calcifications vasculaires, dont souffrent nos patients insuffisants rénaux.
Patients/matériels et méthodes
L’étude a été réalisée chez des rats néphrectomisés au 5/6 ème (modèle d’insuffisance rénale chronique terminale) soumis à des régimes de concentrations différentes en Mg (0,1 % : régime normal ; jusqu’à 1,1 %)
La concentration de calcium et phosphate dans les tissus a été quantifiée par mesure directe et immunohistochimie (Von Kossa). La pression artérielle et la survie des rats post néphrectomie a été évaluée.
Résultats
La supplémentation en Mg chez le rat néphrectomisé au 5/6ème prévient les calcifications vasculaires (Figure 1), réduit la phosphatémie (chélation alimentaire directe du Mg et augmentation du FGF23), diminue la concentration de parathormone, et améliore la fonction rénale. La supplémentation en Mg fait régresser les calcifications vasculaires et améliore la survie chez le rat (Figure 2). La supplémentation en Mg chez le rat néphrectomisé est associée à une meilleure masse osseuse et pression artérielle.
Afin d’évaluer l’effet direct sur les calcifications vasculaires du Mg versus celui de la réduction du phosphate, un régime pauvre en phosphate a été associé au régime pauvre en Mg afin d’obtenir des phosphatémies identiques entre les groupes. A phosphatémies égales, les calcifications aortiques restaient inférieures en cas de régime riche en Mg. L’administration de Mg en intra péritonéal était également associée à une diminution des calcifications aortiques.
Conclusion
Chez le rat néphrectomisé au 5/6ème, le régime riche en Mg améliore la survie, réduit les calcifications vasculaires, la pression artérielle et la phosphatémie. L’effet de la supplémentation en Mg nécessite d’être évaluée chez le patient dialysé chronique, tout en tenant compte des effets indésirables potentiels (diarrhées, diminution de la calcémie).
Les plus du papier
Thématique peu explorée chez l’Homme.
Facilité de mise en place d’une supplémentation en Mg pour nos patients en cas de bénéfice démontré chez l’Homme.
Les critiques
Etude exclusivement chez l’animal (aucune donnée humaine)
Effet direct du Mg incomplètement évalué car effet systémique global : PTH, CaSR, FGF23…