Les jeunes néphrologues publient #SFNDT2018: Etude de l’immunité cellulaire aspécifique des patients insuffisants rénaux chroniques par un test à l’interféron gamma
Le CJN s’attache à mettre en avant les travaux scientifiques de ses membres et de la jeune génération néphrologique. Durant la #SFNDT2018 les internes sont à l’honneur. Nous relayons ici le poster publié par Marion Crémoni, interne de Néphrologie à Nice, et son équipe. Félicitation à eux pour ce beau travail!
Vous pourrez retrouver cette communication sous la forme numérique dans l’espace poster dès mercredi sous la référence PN52.
Etude de l’immunité cellulaire aspécifique des patients insuffisants rénaux chroniques par un test à l’interféron gamma
Introduction
Malgré des progrès médicaux croissants, le taux de mortalité des patients en dialyse s’élève à 20% par an, essentiellement de causes cardiovasculaires et infectieuses (respectivement 50 et 20%). Une dysfonction du système immunitaire, inné et adaptatif, est induite, entre autres, par l’hyperurémie et s’accompagne de complications infectieuses. L’objectif principal de notre étude était d’évaluer l’immunité cellulaire aspécifique des patients insuffisants rénaux chroniques en comparaison à des sujets sains par un test immunologique objectif fondé sur la mesure du taux d’interféron gamma après stimulation aspécifique des lymphocytes T et NK et de corréler ce test à la survenue d’évènements infectieux.
Méthodes
Quarante-deux patients insuffisants rénaux chroniques (âge moyen 63 ans, 11 femmes, 31 hommes, 8 stade V préterminaux (ND), 12 dialysés péritonéaux (DP), 22 hémodialysés (HD)) et 9 sujets sains (DS) ont été inclus dans cette étude de cohorte interventionnelle transversale monocentrique. Le test QuantiFERON Monitor® (QFM) pour étudier l’immunité cellulaire aspécifique a été réalisé dans l’ensemble de la cohorte.
Résultats
Les patients insuffisants rénaux exprimaient un taux médian d’interféron gamma (IFN en UI/mL) après stimulation significativement plus bas que les sujets sains (DP 69,75 UI/mL ; HD 83,80 UI/mL ; ND 69,00 UI/mL vs DS 697 UI/mL, p = 0,01). Nous n’avons pas observé de différences entre les techniques de suppléance ou le traitement conservateur. Nous avons classé les patients en trois groupes selon leur réponse T : réponse faible si taux d’IFN inférieurs à 15 UI/mL, modérée si taux compris entre 15 et 500 UI/mL et élevée si taux supérieurs à 500 UI/mL. Les variables âge, sexe, diabète, hypertension artérielle, et les paramètres sériques : urée, albumine, ferritine, CRP, fibrinogène, lymphocytose et polynucléose n’étaient pas statistiquement différents entre les 3 groupes. La néphropathie d’origine diabétique (p = 0,02), le tabagisme (actif ou sevré) (p = 0,005) et la durée d’épuration extra-rénale (p = 0,02) étaient significativement associés à des taux d’IFN bas. Une réponse faible à la stimulation immunitaire était significativement corrélée à la survenue d’évènements infectieux conduisant à une hospitalisation dans les 6 mois (p = 0,005).
Conclusion
La réponse immunitaire après stimulation aspécifique des lymphocytes T et NK est significativement plus faible chez les insuffisants rénaux chroniques en comparaison aux sujets sains et est associée à un surrisque d’évènements infectieux. Le QFM pourrait permettre de prédire la survenue d’infections chez les insuffisants rénaux chroniques. Une étude de plus grande ampleur avec suivi prospectif est nécessaire pour valider ces résultats.