BJN#104 – Une vieille amie, l’urée…
Urea for the Treatment of Hyponatremia
Merci à Morgane Gosselin, Néphrologue à Brest et membre du conseil scientifique du CJN, pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !
Introduction
L’hyponatrémie est définie par une concentration en sodium [Na+] inférieure à 135 mEq/l. Elle est associée à une augmentation de la morbidité (déficits neurocognitifs, troubles de la marche, chutes, fractures, ostéoporose, etc…) et de la mortalité. L’efficacité et la tolérance des thérapeutiques utilisées sont variables. L’urée est un agent osmotique permettant d’augmenter la fraction d’excrétion de l’eau libre. Une nouvelle formulation de l’urée venant d’être commercialisée aux EU (Ure-Na), l’efficacité, le coût et la tolérance de l’urée pour le traitement de l’hyponatrémie ont été étudiés à cette occasion.
Patients/matériels et méthodes
Tous les patients hospitalisés pour hyponatrémie ([Na+] < 135 mEq/l) et ayant reçu de l’urée au centre hospitalier universitaire de Pittsburgh entre juillet 2016 et août 2017 ont été étudiés. Un sous-groupe de patients présentant un SIADH et ayant reçu uniquement de l’urée a été comparé à ceux n’en recevant pas et la [Na+] à 24h, à la fin du traitement et la proportion de patients dont la natrémie s’était corrigée ont été étudiés. Les évènements indésirables et les effets secondaires ont également été rapportés.
Résultats
58 patients ont reçu de l’urée (7.5 à 90g/jour) sur une durée médiane de 4.5 jours (écart interquartile (IR) de 3 à 8 jours). La concentration en sodium plasmatique a augmenté de 124 mEq/l (IR, 122-126) à 131 mEq/l (IR, 127-134 ; P<0.001). Sur 12 (21%) patients traités par de l’urée uniquement (U+), la [Na+] a augmenté de 125 mEq/l (IR, 122-127) à 131 mEq/l (IR, 129-136 ; p=0.001) à la fin du traitement (figure 1). L’augmentation de la [Na+] en 24h a été plus importante dans le groupe U+ comparé au groupe U- (2.5 mEq/l ; IR, 0-4.5 versus – 0.5 mEq/l ; IR, -2.5 à 1.5 ; p=0.04). La [Na+] s’est normalisée chez une proportion plus importante de patients U+ sans différence statistique significative (33% versus 8% ; p=0.08). Il n’a pas été observé de correction trop rapide de la natrémie ou d’effet secondaire notable.
Conclusion
L’urée semble efficace, bien tolérée et sans effet secondaire notable pour le traitement du SIADH.
Les critiques
Il s’agit cependant d’une étude rétrospective. Les deux groupes (traités et non traités) n’étaient pas tout-à-fait comparables (osmolalité urinaire, étiologie du SIADH, variabilité et délai d’introduction de l’Urée). Beaucoup d’informations manquantes (absence de mesure de l’osmolalité urinaire chez 43% des patients ou de [Na+] urinaire relevée, absence de mesure de la glycémie), la mesure de la [Na+] n’était pas faite à 24h strictement. Surtout, le nombre de patient inclus est faible. La durée d’administration de l’urée est courte. Il manque une étude randomisé de large échelle afin de préciser l’intérêt de la prescription d’urée.