BJN#125 – Fruits et légumes pour tout le monde !
Fruit and Vegetable Intake and Mortality in Adults undergoing Maintenance Hemodialysis
Merci à Morgane Gosselin, Néphrologue à Brest et ancienne membre du Comité Scientifique et secrétaire du CJN, pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !
Introduction
La consommation de fruits et légumes est associée à une réduction de la mortalité globale et cardiovasculaire dans la population générale (apports de vitamines, minéraux, antioxydants, micronutriments,…) en permettant notamment une réduction du stress oxydatif et de la pression artérielle, en améliorant le profil lipidique et la sensibilité à l’insuline. Or, dans la population d’hémodialysés chroniques, il est recommandé de réduire les apports en fruits et légumes afin de limiter les apports en potassium, quelles sont les conséquences en termes de survie?
Matériels et méthodes
Cette étude s’intègre dans une étude de plus large échelle conduite en Europe et en Amérique du Sud (DIET-HD : Dietary Intake, Death and Hospitalisation in Adults with ESKD Treated with Hemodialysis) regroupant 9757 patients hémodialysés chroniques inclus entre janvier 2014 et janvier 2015. Les apports alimentaires de 8078 (83%) d’entre eux ont pu être analysés (questionnaire GA2LEN : Global Allergy and Asthma European Network). Un modèle de Cox a été utilisé afin d’évaluer le lien entre la prise de fruits et légumes et le risque de décès (de cause cardiovasculaire ou non).
Résultats
Sur une période de 2.7 ans, 2082 patients sont décédés (954 de cause cardiovasculaire). Le chiffre médian de portion de fruits et de légumes a été de 8/semaine (4-14). Seulement 4% de la population consommait 4 portions/jour comme recommandé dans la population générale. Le risque relatif de mortalité toute cause (Hazard Ratio) est de 0.90 (95% IC, 0.81 à 1) pour le 2ème tercile (5.6-10, médiane à 8) et de 0.80 (95% IC, 0.71 à 0.91) pour le 3ème tercile (>10, médiane à 17), par rapport au 1er tercile (0-5.5, médiane à 2). Le risque de mortalité non cardiovasculaire est de 0.88 (95% IC, 0.76 à 1.02) et 0.77 (95% IC, 0.66 à 0.91) et de mortalité cardiovasculaire de 0.95 (95% IC, 0.81 à 1.11) et 0.84 (95% IC, 0.70 à 1).
Conclusion
La consommation de fruits et légumes de la population hémodialysée demeure faible. D’après ces premiers résultats, une augmentation de la consommation serait associée à une diminution de la mortalité globale et non cardiovasculaire en particulier.
Discussion
Les plus
Evaluation des apports en fruit et légumes de 8078 patients hémodialysés sur 3 ans : grosse cohorte de patients
Augmenter la consommation de fruits et légumes à 17/semaine (soit 2 à 3/jour) est associé à une diminution de 20% de la mortalité globale et de la mortalité non cardiovasculaire (dont infections et cancers)
Résultats concordants avec d’autres études internationales (Prospective Urban Rural Epidemiology study)
Remise en cause des recommandations concernant les apports en potassium
Les critiques du papier
Pas de données sur l’incidence de l’hyperkaliémie. Pas de donnée sur la concentration en potassium du dialysat, sur la diurèse résiduelle et plus globalement sur la fonction rénale résiduelle
Biais possibles liés au recueil (questionnaire rempli par le patient), à la sélection des patients (exclusion si recueil incomplet)
Nombre insuffisant de patients pour tester l’hypothèse d’une réduction de la mortalité par cancer par augmentation de la consommation de fruits et légumes
Les causes de décès (cardiovasculaires ou non) manquent de précision