Les jeunes néphros publient: Le volume plaquettaire moyen prédit les évènements sur la voie d’abord vasculaire chez les hémodialysés
Le CJN s’attache à mettre en avant les travaux scientifiques de ses membres et de la jeune génération néphrologique. Nous relayons ici l’article écrit par le Dr Guillaume Lano et son équipe. Félicitation à eux pour ce beau travail!
Le volume plaquettaire moyen (VPM) prévient les évènements sur la voie d’abord vasculaire chez les patients en hémodialyse
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31060235
Introduction : La fistule artérioveineuse native ou prothétique (FAV) est la voie d’abord vasculaire de 78% des patients en hémodialyse en France. Les dysfonctions de la FAV correspondant à la survenue d’une sténose nécessitant angioplastie ou d’une thrombose aigue sont responsables de 30% des hospitalisations des hémodialysés chroniques. Un des principaux facteurs à l’origine de ces dysfonctions est une anomalie de la coagulation dépendante des plaquettes hyperactives au cours de l’insuffisance rénale chronique. Les plaquettes jeunes plus excitables sont de plus grande taille. Le volume plaquettaire moyen (VPM) est un marqueur d’activation plaquettaire et est utilisé comme marqueur biologique d’évènements cardiovasculaires.
Objectifs : Etudier prospectivement le VPM dans notre cohorte d’hémodialysés chronique comme marqueur prédictif de dysfonction de la FAV.
Matériels et méthodes : L’étude inclus l’ensemble des patients hémodialysés chronique sur FAV de l’hôpital de la Conception au CHU de Marseille entre Juin 2014 et Juin 2016, soit 162 patients. L’objectif principal était d’observer s’il existe une différence d’incidence des évènements sur la FAV en fonction du VPM. La population était divisée selon 4 niveau de VPM déterminés selon les quartiles du VPM dans notre cohorte. Le critère de jugement principal est un élément composite dénommé « évènement de FAV » regroupant : thrombose aigue de FAV et sténose hémodynamiquement significative ayant nécessité angioplastie. L’analyse statistique a été faite de façon univariée par un modèle de survie Kaplan-Meier et de façon multivariée par un modèle de COX
Résultats : 153 patients ont été inclus dans l’étude avec une médiane de suivi de 620 jours. Le VPM moyen était de 10,8 fl [7.8-13.5] et les quartiles suivants : groupe 1 : VPM ≤ 10fl, groupe 2 : 10fl ≤ VPM < 10,7fl, groupe 3 : 10,7fl ≤ VPM < 11,5fl, groupe 4 : VPM ≥ 11,5fl. Il n’existait pas de différence concernant les caractéristiques de ces 4 groupes. 54 patients ont eu un premier épisode de d’évènement de FAV. On note une incidence plus grande (p=0,001) dans le groupe 4 avec 23 évènements (59%), 14 (34%) dans le groupe 3, 11 (27%) dans le groupe 2 et 6 (18%) dans le groupe 1. L’analyse multivariée montre une association indépendante entre le VPM et le risque de survenue d’un événement, l’OR est de 1,58 [1,17-2,14] p=0.003
Conclusion : Nous avons montré dans notre cohorte d’hémodialysés chronique que le risque de survenue d’un évènement de FAV est prédit par la mesure du VPM. Les patients avec les VPM les plus élevé ont plus de risque de présenter un évènement de FAV. Cette population à risque pourrait bénéficier d’une surveillance renforcée voir de thérapeutiques antiagrégantes ou anticoagulantes. Limiter le nombre d’évènements sur la FAV permettrait de réduire la survenue de thromboses voire de perte de l’accès vasculaire exposant le patient à un risque vital.