BJN#142: Ne négligeons pas l’Acidose!
Effects of Treatment of Metabolic Acidosis in CKD: A Systematic Review and Meta-Analysis
Merci à Magalie Geneviève, Néphrologue à Périgueux et membre du Comité Scientifique du CJN, pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !
Introduction
Les patients atteints d’une insuffisance rénale chronique (IRC) développent des anomalies métaboliques chroniques suite à la réduction de la masse néphronique dont l’acidose. L’acidose est une conséquence d’une excrétion urinaire d’acide diminuée et d’une accumulation d’acide responsable d’une baisse de la bicarbonatémie. L’acidose métabolique est un facteur de progression de l’IRC et provoque des complications musculaires et osseuses. Les KDIGO recommandent la supplémentation en base quand la bicarbonatémie est inférieure à 22 mmol/l pour éviter ces complications. D’autre part, des études observationnelles ont démontré une association indépendante entre une bicarbonatémie basse et la progression de l’IRC.
Ainsi, l’objectif de cette méta-analyse était d’évaluer les bénéfices et les risques d’une alcalinisation orale ou d’une réduction des apports en acide chez le patient IRC.
Matériels et méthodes
Tous les essais cliniques évaluant l’alcalinisation orale (bicarbonate de sodium, citrate de sodium) ou le régime restreint en protéines versus contrôle (aucun traitement, placebo ou les soins habituels) ont été inclus. Les patients avaient une IRC stade 3 à 5 avec une acidose métabolique chronique définie par une réserve alcaline <22 mmol/l ou avec une bicarbonatémie limite basse entre 22 et 24 mmol/l. Les patients en dialyse étaient exclus.
Résultats
Les données de 14 essais cliniques soit 1394 patients ont été analysées. La durée des études variait entre 8 semaines et 5 ans. L’alcalinisation orale ou le régime restreint en protéine augmentait significativement la bicarbonatémie 3,3 mmol/l (2,4 à 4,3 p<0,001), diminuait le déclin du DFG -2 ,1ml/min/1,73m² par an (-2,8 à -1,4, p<0,01), l’albuminurie et le risque de développer une insuffisance rénale terminale HR 0,3 (0,2 à 0,6 , p<0,001). La supplémentation orale en bicarbonate était associée à une majoration des oedemes , une aggravation de l’hypertension artérielle et/ou une augmentation du traitement anti-hypertenseur.
Conclusion
Cette méta-analyse compilant les données d’essais cliniques comparant l’alcalinisation orale ou le régime restreint en protéines avec un groupe contrôle chez les patients IRC stade 3 à 5 a retrouvé une amélioration de la bicarbonatémie, une réduction du déclin de l’IRC et un moindre risque d’évolution vers l’insuffisance rénale terminale.
Point fort
Exhaustivité de cette méta-analyse compilant l’ensemble des études portant sur l’alcalinisation et le régime restreint en acide.
Point faible
Manque d’études à long-terme analysant les effets de l’alcalinisation ou du régime sur des critères centrés sur le patient avec pour critère principal la mortalité.