BJN#240 Mon travail : j’aime ou GEM pas ? Exposition professionnelle et GEM
Merci à Maïté Meunier, néphrologue à Toulon et membre du conseil scientifique pour ce résumé.
Cette BJN est rédigée en rapport avec cet article : Toxic Occupational Exposures and Membranous Nephropathy, publié par Dr Marion Crémoni dans le CJASN en Octobre 2022.
Introduction
La prévalence de la GEM augmente dans les pays industrialisés ce qui suggère une implication environnementale. De plus la prédominance d’hommes dans la GEM est classiquement attribuée à des différences génétiques, mais elle pourrait être liée à des expositions professionnelles différentes.
Patients/matériels et méthodes
Étude observationnelle épidémiologique qui a comparé les métiers et expositions toxiques de 100 patients atteints de GEM, à ceux de la population générale dont les données étaient issues de 2 cohortes françaises de 26,734,000 personnes (INSEE 2018) et de 26,500 personnes (SUMER 2017 étude menée par le ministère du travail). Comparaison dans un second temps des caractéristiques des patients avec exposition professionnelle versus sans exposition professionnelle.
Résultats
Les patients atteints de GEM travaillaient plus souvent dans le secteur de la construction par rapport à la population générale (33% versus 7%, P,0.001). Différence qui restait significative selon l’âge et le sexe. Ils étaient également plus exposés à des substances toxiques comme l’asbestose (16% versus 5%, P,0.001), le plomb (9% versus 1%, P,0.001), ou les solvants organiques (37% versus 15%, P,0.001) que la population générale.
La prédominance d’hommes dans le sous-groupe avec exposition professionnelle à des substances toxiques n’était pas observée chez les individus non exposés (solvants organiques : 80% d’hommes versus 41%, P,0.001; asbestose : 90% d’hommes versus 55%, P 0.004).
De plus, les patients avec le processus « d’epitope spreading » (qui provoque une propagation de la réponse immune ce qui peut expliquer le déclenchement de la réponse autoimmune par des antigènes exogènes, par exemple microbiens. Biomarqueur d’un moins bon pronostic et d’une moins bonne réponse au rituximab) était plus fréquemment exposés à l’asbestose ou des solvants organiques que les patients sans épitope spreading (32% versus 7%, P 0.02 et 74% versus 43%, P 0.02, respectivement), avec un effet dose dépendant.
Conclusion
Les patients atteints de GEM avaient plus fréquemment une exposition professionnelle à l’asbestose, au plomb et à des solvants organiques par rapport à la population générale. Ces expositions étaient plus fréquentes chez les hommes et les patients avec un « épitope spreading PLA2R1 ».
Les plus du papier
Association décrite pour la première fois entre GEM et association au plomb et à l’asbestose.
Association entre l’exposition aux solvants organiques ou à l’asbestose et le processus « d’épitope spreading PLA2R1 » de manière dose dépendante.
Si cette étude est confirmée, elle pourrait justifier une meilleure protection au travail et la surveillance de la protéinurie chez les travailleurs exposés.
Les critiques
Etude retrospective qui peut induire un biais de mémorisation.
Etude monocentrique à Nice qu’il serait intéressant de reproduire dans une autre aire géographique.
Les données de population générale sont issues de bases de données certes publiques, mais avec des données manquantes.