BJN #30 : Quels taux d’immunosuppresseurs en greffe rénale ?
Un objectif clé dans l’utilisation de l’immunosuppression après une transplantation rénale est d’atteindre l’équilibre optimal entre l’efficacité et la sécurité.
Le but de cette étude est de corréler l’efficacité et la sécurité d’un traitement associant EVEROLIMUS (EVR) et TACROLIMUS (TAC) en fonction de leur concentration : évaluer l’incidence du rejet aigu humoral post-transplantation, de la perte de greffon et d’autres événements indésirables associés à l’exposition EVEROLIMUS et TACROLIMUS à 12 mois. Il a été également évalué la fonction rénale post-transplantation dans cette population.
Cette étude est un essai multicentrique randomisé, ouvert, de non-infériorité de 12 mois où des receveurs adultes d’une transplantation de rein de novo ont été inclus.
Les patients ont reçu EVR 0,75 mg comme dose initiale, qui a été ajustée à partir du jour 5 pour maintenir un niveau entre 3-8 ng / mL. Les patients ont reçu du Tac et de la prednisone selon les directives locales, avec le dosage de Tac ajusté à partir du Jour 3 pour atteindre des niveaux minimaux de 4-7 ng / mL (0-2 mois [M]), 3-6 ng / mL (2-6 M) et 2-5 ng / mL (6-12 M).
309 patients ont été inclus et 293 patients ont atteints les 12 mois de traitement
Le risque de rejet humoral était plus important si les taux de TACROLIMUS et d’EVEROLIMUS étaient bas.
4 patients ont perdu leur greffon sans qu’il y ait de lien avec les concentrations des 2 traitements. 6 patients sont décédés mais il n’y avait pas de lien avec les doses d’immunosuppression.
En ce qui concerne le DFG et sa diminution un modèle de COX a été utilisé. Le DFG était plus faible et la diminution de celui-ci était plus importante à 12 mois chez les patients ayant une évérolémie < 3 ng/ml et chez les patients ayant une tacrolémie > à 8 ng/ml (figure 2 A et 2 B) Le même phénomène a été retrouvé pour la protéinurie.
Les patients avec une everolémie < 3 ng/ml avaient une meilleure cicatrisation mais avaient également plus d’œdèmes périphériques. Les œdèmes se retrouvent également chez les patients ayant une éverolémie et une tacrolémie supérieure à 8 ng/ml. Les infections à BK virus sont également plus fréquentes chez les patients ayant une éverolemie < 3 mais une tacrolémie > 8 ng/ml.
L’éverolémie idéale se situe donc entre 3 et 8 ng/ml et pour la tacrolémie entre 4 et 7 ng/ml à 1 mois et entre 2 et 5 ng/ml à 1 an pour que le traitement soit efficace avec le moins d’effets secondaires possibles. Cette étude démontre donc qu’une augmentation de la dose d’EVR avec des taux plus faible de TAC est le traitement le plus approprié pour préserver au mieux la fonction du greffon.
Les difficulté s de cicatrisation et l’œdème périphérique étaient présents le moins souvent pour une EVR cible de 3 à 8 ng / mL, en accord avec les résultats d’une cohorte de patients semblables recevant une EVR et une CsA réduite. Une incidence plus faible d’autres effets indésirables était généralement observée chez les patients présentant des concentrations de EVR ≥ 6 ng / mL et des concentrations de Tac <5 ng / mL.
Merci à Céline Nodimar (Néphrologue à l’AURAD Gradignan, Comité Scientifique du CJN) pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !