BJN : La Biblio des Jeunes Néphrologues #15
Le Club des Jeunes Néphrologues vous propose, chaque semaine, un article ancien ou récent à lire et faire lire. N’hésitez pas à nous faire également partager vos lectures.
Cette étude est une étude française qui évalue l’impact d’une activité physique per dialytique (par pédalage) durant la première demi-heure de dialyse associée à une supplémentation nutritionnelle orale ou IV per-dialytique chez des patients hémodialysés âgés et présentant des critères de dénutrition protéino-énergétique (DPE)
C’est une étude bicentrique réalisée dans deux centres de dialyse de Nantes
Cet essai pilote visait à déterminer si un programme d’exercice physique intra-dialytique combiné à un soutien nutritionnel était en mesure d’inverser en toute sécurité l’état nutritionnel (critères de DPE) et induire des effets favorables sur les performances fonctionnelles (démarche, contrôle postural et de la force musculaire), la composition corporelle et la qualité de vie (QV) chez les patients plus âgés HD.
Les critères d’inclusion étaient les suivants : être âgés de plus de 18 ans, en dialyse depuis plus de 3 mois et au moins 3 critères sur 4 de DPE : albumine <38 g /l ou préalbumine < 0,30 g /l, IMC <23kg /m2 ou perte de poids > 5 % dans les 3 mois ou 10% dans les 6mois, l’évaluation de la masse musculaire par le BCM ® classant le patient en dessous du 10 ème percentil par rapport à son âge (Lean tissue index ou LTI).
Et les prise protidique < à 1g/kg /j ou calories < à 30 kcal /kg /j sur les 2 derniers mois.
21 patients ont été randomisés dont 10 dans le groupe activité physique + supplémentation nutritionnelle (groupe 1) et 11 bénéficiant uniquement d’une supplémentation nutritionnelle (groupe 2)
7 patients du groupe 1 et 9 patients du groupe 2 ont terminé l’étude (6 mois de suivi).
Ils étaient en moyenne âgés de 68,5 +/- 14 ans dans le groupe1 et de 70,8 +/- 15, 2 ans dans le groupe 2.
Tous les patients ont reçu des conseils diététiques par 1 diététicien et ils ont reçu des compléments oraux ou IV en per dialytique selon leur besoin.
Les patients faisant parti du groupe 1 réalisé de l’activité physique su la première demi-heure de dialyse à chaque séance. Cet exercice était réalisé via un pédalier.
Le premier objectif était de comparer les paramètres des patients ne présentant plus de signes de DPE (normalisation de l’albuminémie, de la pré-albuminémie et du LTI (lean tissue index)) à la fin de l’étude.
Puis étaient évalués leurs performances physiques par mesure de la force musculaire avec un dynamomètre manuel, la vitesse de marche par le test de marche de 6 min et l’évaluation de l’équilibre postural ainsi que la qualité de vie par le questionnaire SF-36
Les résultats sont les suivants :
Il n’existe aucune différence statistique entre les 2 groupes à T 0.
Les patients n’ayant plus de critères de DPE ne présentaient aucune différence.
Par contre il existe une amélioration du test de marche pour le groupe 1 et ce depuis le deuxième mois alors qu’il n’ y a aucune modification pour le groupe 2. (P<0,01
Il existe une dégradation de l’équilibre postural dans le groupe 2 alors qu’il n’est pas modifié dans le groupe 1 (p<0 ,01)
En ce qui concerne la qualité de vie, on voit une amélioration à tous les temps mais uniquement pour le groupe 1 et il existe une différence significative entre les 2 groupes à M+6.
En conclusion ACTINUT est la première étude pilote évaluant les effets d’une activité physique associée à un support nutritionnel chez des patients âgés, dialysés dénutris sur 6 mois
Il semble donc que l’activité physique est un effet bénéfique sur la qualité de vie et les capacités fonctionnelles des patients.
L’augmentation de la vitesse de marche améliore les capacités dans les activités quotidiennes, diminue le nombre de prise en charge par IDE à domicile et diminue la mortalité chez les patients âgés.
L’amélioration de la qualité de vie diminue le nombre d’hospitalisation et le risque de mortalité.
L’équilibre postural joue également sur le risque de chutes.
La principale limite de cette étude est le nombre de patients inclus dans l’étude.
Ceci est du principalement au fait que leur pourcentage de patients présentant des critères de DPE est faible (15 %) et qu’il est difficile d’entretenir une activité physique régulière pendant 6 mois.
Une étude avec un nombre de patients plus important devra être réalisé afin de confirmer ces premiers résultats.