BJN : La Biblio des Jeunes Néphrologues #18
Le Club des Jeunes Néphrologues vous propose, chaque semaine, un article ancien ou récent à lire et faire lire. N’hésitez pas à nous faire également partager vos lectures.
Dans le dernier numéro de Kidney International (Novembre 2016), Pergola et al. rapportent les résultats d’une étude de phase 2b évaluant l’efficacité du Vadadustat dans la correction de l’anémie des patients IRC stades 3a à 5.
Qu’est-ce que le Vadadustat ?
Le Vadadustat (aussi nommé AKB-6548) est un stabilisateur de HIF (Hypoxia Inducible Factor). HIF est un facteur de transcription régulant un nombre important de gènes nécessaires à l’adaptation à la situation d’hypoxie. Stimulé par l’hypoxie, il entraine la sécrétion d’EPO par le rein et le foie, mais aussi la mobilisation du fer via l’inhibition de l’hepcidine. En condition de normoxie, HIF est dégradé par une enzyme : la prolyl hydroxylase. Le Vadadustat agit en inhibant la prolyl hydroxylase.
Le Vadadustat est un traitement qui se présente sous la forme de comprimés à prendre quotidiennement.
Quel est le design de l’étude ?
Il s’agit d’une étude randomisée 2 :1 en double aveugle comparant l’effet du Vadadustat (titration de 150 à 600mg/J) versus placebo pendant 20 semaines chez des patients IRC stades 3b à 5 et qui présentaient une anémie sans carence martiale (pas de chiffre précis d’hémoglobine pour le démarrage). L’objectif primaire était le pourcentage de patients qui avaient un taux d’hémoglobine ≥11g/dL ou une augmentation d’hémoglobine de plus de 1.2g/dL dans les 15 derniers jours de traitement.
Il est important de noter que la plupart des auteurs ont des liens financiers avec la société qui développe ce médicament et que cette société a participé à la rédaction du papier.
Quels sont les résultats de l’étude ?
L’objectif primaire était atteint pour 54.9% des patients sous Vadadustat et 10.3% des patients sous placebo. Le taux d’hémoglobine initial n’était cependant pas très bas (10g/dL). On peut en conclure que ce médicament est efficace dans la correction de l’anémie de l’IRC stade 3b à 5.
De façon intéressante, les patients sous Vadadustat avaient également des taux plus faibles d’hepcidine en fin d’étude.
Il est à noter que le traitement a été responsable de quelques effets indésirables de type troubles digestifs.
Quelles sont les limites de l’étude ?
On peut regretter le design contre placebo et non contre EPO ainsi que le démarrage du traitement par Vadadustat chez des patients ayant une anémie peu sévère.
Les stabilisateurs de HIF ont toujours suscité de la méfiance vis-à-vis du risque de survenue de cancers. En effet, la maladie de Von Hippel Lindau est due à une mutation inactivatrice du gène VHL qui code pour une protéine impliquée dans la dégradation de HIF. La maladie de VHL comporte un risque accru de cancer, en particulier rénal. HIF est également impliquée dans l’angiogénèse… Or la durée de 20 semaines de l’étude est trop courte pour évaluer le risque de survenue de cancer sous ce traitement.
Au total, le Vadadustat poursuit son développement dans l’anémie de l’IRC !