BJN spéciale SFT juniors #1: détecter le rejet de manière non invasive?
En 2024, la SFT juniors a pu proposer des bourses pour que des jeunes médecins et scientifiques impliqués en transplantation d’organe puissent aller présenter leurs travaux à l’ESOT 2024 à Athènes.
En collaboration avec la SFT juniors, les récipiendaires de ces bourses vous proposent cette semaine une série de résumés de communications auxquelles ils ont pu assister à l’ESOT. N’hésitez pas à vous informer sur la SFT juniors!
Aujourd’hui, deux résumés de communications vous sont proposés:
Assessment of donor-derived cell-free DND (dd-cfDNA) in kidney transplant recipients with indication biopsy.
Cette communication orale nous est rapportée par Pinto Coelho, de Liège.
Louise BENNING du service de néphrologie du CHU de Heidelberg, Allemagne, a présenté son travail portant sur l’étude des taux de d’ADN circulant chez le receveur (dd-cfDNA), dérivé du donneur et leur corrélation avec le rejet du greffon.
Depuis novembre 2020, 100 patients ayant eu une biopsie ont été inclus. Parmi ces 100 biopsies, 30 montraient des signes de rejet (21/30 : borderline, 5/30 : ABMR, 4/30 : TCMR). Les dd-cfDNA ont été quantifiés au moment de la biopsie, J7, J30 et J90 post biospie pour un total de 325 mesures réalisées à l’aide du kit CareDx, qui a sponsorisé cette étude.
Au moment de la biopsie, les niveaux de dd-cfDNA étaient significativement plus élevés chez les patients présentant un ABMR ou TCMR tandis que la eGFR était similaire entre ces deux groupes. De façon très intéressante, après l’introduction d’un traitement anti rejet, les taux de dd-cfDNA circulants étaient diminués chez la plupart des patients, suggérant possiblement une réponse thérapeutique.
Ces résultats encourageants suggèrent que les taux d’ADN libre circulant chez le receveur pourraient être un bon marqueur de rejet et de réponse au traitement.
Notons cependant que cette étude a été sponsorisée par la firme CareDX, créatrice et fournisseur des kits utilisés pour la quantification des dd-cfDNA.
L’utilisation de ce marqueur en routine clinique pourrait être intéressante notamment en raison de la spécificité de 74% à discriminer entre rejet/non rejet. La sensibilité quant à elle est de tout de même 57%.
Détection non invasive du rejet dans les 2 premières semaines après la transplantation rénale via l’utilisation de chémokines urinaires.
Cette communication de Karin Boer (Rotterdam, Pays-Bas), vous est rapportée par Lucie Maigret, de Tours!
Contexte. L’enjeu est de détecter précocement le rejet afin de traiter rapidement. Les moyens actuels sont soit invasifs (gold-standard, la biopsie rénale) soit manquent de sensibilité et spécificité dans cette phase précoce (protéinurie, créatininémie, Cell Free DNA). Les chémokines urinaires CXCL9/CXCL10 sont associées au rejet , mais leur sensibilité/spécificité dans les 2 semaines post-greffe est inconnue.
Méthode. Les prélèvements urinaires de 225 transplantés rénaux (TR) ont été analysés en pré-greffe, à J3, J7 et J180. Des biopsies « pour cause » avant J14 étaient recensées chez 51 de ces TR.
4 groupes étaient comparés : 1) rejet prouvé à la biopsie 2) pas de rejet à la biopsie 3) suspect à la biopsie 4) le groupe n’ayant eu aucune biopsie « pour cause » dans les 6 premiers mois.
L’infection urinaire était un critère d’exclusion. Les taux de CXCL9 et 10 étaient mesurés en ELISA.
Résultats principaux. Les taux de CXCL9 et 10 étaient significativement plus élevés chez les patients ayant un rejet prouvé à la biopsie < J14 en comparaison aux autres groupes (p < 0,001).
Le test de performance du dosage montrait une AUC à 0.89 avec une valeur prédictive positive de rejet (VPP) entre 62 et 81% et une valeur prédictive négative (VPN) à 95% (Figure).
Courbe ROC de performance du dosage de CXCL9/10 urinaire pour la prédiction du rejet
Perspectives/Implications. La VPN à 95% implique que des taux de CXCL9/10 urinaires bas en période précoce post-greffe pourraient écarter le rejet avec une bonne probabilité et éviter de réaliser une biopsie invasive.