BJN#130 – MiREnDa, la spironolactone est-elle sûre dans la réduction de l’HVG chez l’hémodialysé ?
A randomized controlled trial of the effect of spironolactone on left ventricular mass in hemodialysis patients
Merci à Marie-Julia Ziliotis, contributrice spontanée à la BJN, pour sa synthèse bibliographique. Vous aussi n’hésitez pas à nous faire partager vos lectures!
Introduction
La mort subite est la première cause de décès chez l’hémodialysé et l’hypertrophie ventriculaire gauche est retrouvée chez 75% des patients en IRCT, directement liée au risque de mort subite et à l’accroissement du risque cardio-vasculaire. Les antagonistes des récepteurs des minéralocorticoïdes ont un effet bénéfique sur le remodelage du ventricule gauche, la fibrose cardiaque et l’arythmie dans l’insuffisance cardiaque, mais nous disposons de données limitées sur la sécurité de ces traitements chez l’hémodialysé.
Patients et méthodes
97 patients, avec une médiane d’hémodialyse de 42 mois, ont été randomisés et appariés entre les 2 groupes spironolactone 50 mg (50) et placebo (47) pour une durée d’étude de 40 semaines. 49% gardaient une fonction rénale résiduelle.
Résultats
- Critères d’efficacité :
Principal : Pas de différence de masse du ventricule gauche indexée à la surface corporelle en IRM cardiaque entre les groupes spironolactone et placebo (-2,86 ±11,87 vs 0,41 ±10,84 g/m2, p=0,337) et pas de différence de masse du VG indexé par rapport à la masse du VG de base avant intervention entre les 2 groupes.
Secondaires : pas de différence de FEVG, de pression artérielle en MAPA/24h, ou de capacité fonctionnelle (distance au test de marche 6 min, classe fonctionnelle NYHA)
- Critères de sécurité :
Davantage d’hyperkaliémies modérées (K+ pré-dialyse 6-6,5 mmol/L) dans le groupe spironolactone (155 vs. 80 événements, P = 0.034), mais pas de différence concernant l’hyperkaliémie sévère >6,5 mmol/L (14 vs. 24, P= 0,225). Moins de bains de dialyse avec K+ > 3 mEq dans le groupe spironolactone. (8,3% vs 18,4%) Pas de différence de survenue d’événement indésirable graves entre les 2 groupes. 0 décès dans le groupe spironolactone et 4 décès dans le groupe placebo pendant la phase d’intervention. Parmi les patients ayant une fonction rénale résiduelle, pas de différence en termes de DFG résiduel et de volume urinaire entre les 2 groupes.
Conclusion : Un traitement par spironolactone pendant 40 semaines (9 mois) chez des patients hémodialysés chroniques n’a pas modifié l’HVG mais a augmenté l’incidence d’hyperkaliémie modérée pré-dialytique sans augmentation de l’incidence d’hyperkaliémie sévère, sans altérer la fonction rénale résiduelle. Nécessité de l’attente de 2 grandes études randomisées (ACHIEVE et ALCHEMIST) étudiant la capacité de la spironolactone à 25mg de réduire les évènements cardio-vasculaires et d’améliorer la survie HD
Les plus du papier
Etude randomisée en double aveugle avec stratification des patients
En Hémodialyse
Évaluation de la masse du VG par le gold standard (IRM cardiaque)
Spironolactone à haute dose
Bonne observance et bonne tolérance du traitement
Les critiques
Durée courte par rapport à d’autres études
Petit effectif
Critère principal = « surrogate marker » de morbi-mortalité cardiovasculaire
Pas de patients en IC systolique
Ne permet pas de juger les autres modes d’actions de la spironolactone (anti-fibrosant, antiarythmique, anti-remodelage)