BJN#145 – Une bonne excuse pour se faire offrir le dernier smartphone…
Text Messaging for Disease Monitoring in Childhood Nephrotic Syndrome
Merci à Christophe Masset, Néphrologue à Nantes et membre du Comité Scientifique du CJN, pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !
Introduction
L’étiologie la plus fréquente de Syndrome Néphrotique (SN) de l’enfant est la LGM, dont le traitement est basé sur la corticothérapie. Une partie importante de ces enfants est à risque de rechute, nécessitant la réintroduction de la corticothérapie. Il est ainsi nécessaire d’établir une surveillance rigoureuse de la protéinurie lors du suivi, ce qui est malheureusement souvent compliqué chez les adolescents et jeunes adultes dont l’observance est médiocre. L’objectif de l’étude était de déterminer si une surveillance médicale « non intrusive » par SMS pouvait permettre d’améliorer le suivi et la détection des rechutes chez ces patients.
Patients/matériels et méthodes
Les sujets de 19 ans ou moins de la cohorte NEPTUNE (multicentrique Canada + Etats Unis, observant les Syndromes Néphrotiques), présentant un SN pur non biopsié étaient inclus. Le suivi par SMS était adressé aux parents ou à l’enfant si celui-ci avait plus de 12 ans, une fois par jour pendant 3 mois puis une fois par semaine de 3 à 12 mois. Le suivi par les parents/par l’enfant consistait à surveiller l’apparition d’œdèmes et/ou d’une protéinurie à la BU (Figure 1). Une alerte était envoyée aux médecins en cas de protéinurie > 2 croix pendant 3 jours consécutifs, d’apparition rapportée d’œdèmes, de non-observance médicamenteuse, ou d’absence de réponse SMS > 1 semaine. Parallèlement, les enfants assuraient leurs consultations de suivi néphrologique normalement.
L’objectif de l’étude était de déterminer si le suivi par SMS permettait de détecter précocement les rechutes de SN, et d’évaluer l’adhésion des enfants et de leurs familles au suivi par SN.
Résultats
127 enfants ont été inclus entre Juin 2015 et Mars 2018 (médiane d’âge = 4 ans, protéinurie moyenne au diagnostic 9,9g/g, fonction rénale au diagnostic 110ml/min). Tous ont reçu un traitement par corticoïdes. 119 ont accepté le suivi par SMS, et parmi eux 112 ont réalisé le suivi durant l’année qui a suivi le diagnostic. Le suivi par SMS a permis d’identifier un plus grand nombre de rechutes en comparaison aux visites médicales (55 enfants vs 41 ; en moyenne 2 rechutes/ enfant vs 1 rechute/enfant ; p < 0,01, Figure 2). La concordance des analyses urinaires réalisées à la maison et en consultation était de 77% pour l’ensemble des patients, et de 94% pour les enfants ayant une protéinurie > 1 croix.
Conclusion
Cette étude montre la faisabilité du suivi par SMS pour certains patients atteints de maladies à risque de rechute. Même si les données sont préliminaires et réalisées sur un faible effectif, cela pourrait même permettre de détecter précocement certaines rechutes.
Les plus du papier
- La différence observée entre SMS et visite conventionnelle sur la détection précoce des rechutes est probablement sous-estimée par le fait que plusieurs consultations ont été organisées suite aux résultats des SMS
- Bonne adhésion des patients et de leurs familles au suivi par SMS, témoignant de la faisabilité de cette technique.
- Suivi par SMS pouvant être étendu à d’autres champs (autres néphropathies à risque de rechute, adaptation de posologie de certains médicaments, surveillance Tensionnelle/Fièvre etc etc)
Les critiques
- Faible effectif, sans groupe contrôle
- Impact thérapeutique et pronostic à long terme du suivi par SMS inconnu