BJN#176 – L’évaluation globale psychologique pré et post-greffe est un vecteur de succès
Cet article du BJN est rédigé en rapport avec les références bibliographiques suivantes :
Lien vers l’article : Psychological and psychopathological aspects of kidney transplantation : a Systematic Review
Merci à Magalie Geneviève, Néphrologue à Périgueux, membre du Comité Scientifique du CJN, pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !
Introduction
La transplantation rénale est un événement majeur stressant qui va entrainer de profonds changements psychologiques, existentiels, affectifs, relationnels et sociaux pour le patient et son environnement familial. Le patient doit accepter et intégrer le nouvel organe physiquement et mentalement. Alors que la reprise de fonction rénale peut être immédiate, l’intégration cognitive et émotionnelle de ce nouvel organe est parfois plus longue. Une évaluation du profil psychologique, de la personnalité du patient, de l’intégration émotionnelle et cognitive de la maladie, du soutien familial et du contexte social d’un candidat à la greffe est nécessaire car ce sont des facteurs de vulnérabilité qui peuvent influencer le succès de la greffe et altérer la stabilité psychologique du patient. Cette étude a pour but de fournir une revue systématique de la littérature des études s’intéressant aux aspects psychologiques et psychopathologiques sur l’évolution post-greffe rénale avec un rein de donneur décédé.
Méthode
Sont incluses des études non randomisées publiées entre janvier 2006 et décembre 2018 portant sur des adultes >18 ans recevant une greffe de donneur décédé. Sont exclues les études portant sur des adolescents ou des enfants et les articles sans résumé et/ou des résultats incomplets. Afin d’homogénéiser les résultats, ils ont utilisé les items d’un outil d’évaluation pronostic dédié à la greffe Stanford Integrated Psychosocial Assessment for Transplantation (SIPAT) dont la particularité est de tenir compte des risques psychosociaux impactant l’évolution post-greffe. La qualité des études est évaluée de manière indépendante en utilisant la « Downs and Black checklist ».
Résultats
La recherche dans PUBMED a extrait 1332 articles et 838 articles supplémentaires avec les bases de données Cochrane, Psychoinfo, Scopus, Embase. Les auteurs ont inclus 62 études. 32 études sont considérées de très bonne qualité dont 15 études s’intéressent au style de vie, à l’éducation à la santé, à l’adhérence thérapeutique post-greffe. 17 études s’intéressent à la survenue de maladie mentales et d’altérations cognitives chez le sujet greffé avec un rein d’un donneur décédé.
Cette revue montre que les patients greffés rénaux sont exposés à un risque élevé de maladie psychiatrique ayant un retentissement sur la qualité de leur vie et favorisant la non adhérence. Elle identifie plusieurs facteurs qui influencent l’adhérence au traitement et la qualité de vie post-greffe : les traits de personnalité, le niveau d’anxiété, les troubles du sommeil, la dépression, les troubles cognitifs, le mode de vie pré-greffe (alimentation, activité physique, dialyse). Une évaluation de la qualité de vie post-greffe permet aussi de surveiller la perception par le patient de sa santé et d’améliorer l’adhérence au traitement.
Conclusion
Ainsi, une prise en charge pré et post-greffe comportant à la fois une évaluation médicale mais aussi psychologique et psychiatrique permettra une identification précoce des patients à risque.
Les plus du papier
- Ils ont procédé à une évaluation exhaustive des études publiées dans la littérature.
- Le score permettant d’évaluer la qualité de l’article est performant permettant de ne retenir que les études de qualité.
- Ils fournissent une synthèse qualitative des données de chaque étude.
Les critiques
- Ces études non randomisées comportent probablement un biais de sélection.
- De plus, bien que cette revue soit exhaustive, il manque des études sur l’influence de l’environnement familial et les ressources financières du patient.