BJN#178 – SGLT2 inhibitors, we want you, we need you !
Cet article du BJN est rédigé en rapport avec les références bibliographiques suivantes :
Heerspink HJL, Stefánsson BV, Correa-Rotter R, Chertow GM, Greene T, Hou FF, Mann JFE, McMurray JJV, Lindberg M, Rossing P, Sjöström CD, Toto RD, Langkilde AM, Wheeler DC; DAPA-CKD Trial Committees and Investigators. Dapagliflozin in Patients with Chronic Kidney Disease. N Engl J Med. 2020 Oct 8;383(15):1436-1446. doi: 10.1056/NEJMoa2024816. Epub 2020 Sep 24. PMID: 32970396.
Lien vers l’article : Dapagliflozin in Patients with Chronic Kidney Disease
Merci à Charlotte LOHEAC, Néphrologue à Quimper, membre du Comité Scientifique du CJN, pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !
Introduction
Les inhibiteurs du co-transporteur sodium-glucose 2 (iSGLT2) diminuent les taux d’hémoglobine glyquée et ont montré des effets favorables sur les résultats rénaux et cardiovasculaires dans de grands essais cliniques impliquant des patients atteints de diabète de type 2. Bien que les mécanismes sous-jacents ne soient pas complètement compris, les bénéfices des iSGLT2 semblent indépendants de leur effet sur la baisse de la glycémie et seraient plutôt médiés par la natriurèse et l’activation de la diurèse osmotique induite par le glucose. Cet effet hémodynamique favorable pourrait également préserver la fonction rénale chez les personnes atteintes de maladies rénales autres que la néphropathie diabétique de type 2. L’essai DAPA-CKD a été conçu afin d’évaluer l’efficacité et l’innocuité de l’iSGLT2 dapagliflozine chez les patients atteints d’insuffisance rénale chronique, avec ou sans diabète de type 2.
Patients/matériels et méthodes
Ont été inclus des patients de 21 pays entre 2017 et 2020 présentant un DFG estimé entre 25 à 75 mL/min/1,73 m2 et un rapport albuminurie/créatininurie de 200 à 5000 mg/g. 4304 participants ont été randomisés en double aveugle avec une stratification sur la présence d’un diabète de type 2 et le débit de protéinurie (> ou <1000 mg/g) pour recevoir de la dapagliflozine (10 mg/jour) ou un placebo. A la randomisation, la prise de sartan ou d’IEC était obligatoire. Ont été exclus les patients diabétiques de type 1, avec une PKRAD, une néphropathie lupique ou une vascularite à ANCA. Le critère de jugement principal était un critère composite d’une baisse soutenue du DFG estimé d’au moins 50%, d’une maladie rénale en phase terminale ou d’un décès dû à des causes rénales ou cardiovasculaires.
Résultats
Le comité indépendant de surveillance des données a recommandé l’arrêt de l’essai en raison de son efficacité. Sur une médiane de 2,4 ans, un événement du critère de jugement principal est survenu chez 197 des 2152 participants (9,2%) dans le groupe dapagliflozine et 312 des 2152 participants (14,5%) dans le groupe placebo (hazard ratio, 0,61; IC 95% , 0,51 à 0,72; P <0,001; Le nombre nécessaire de personne à traiter pour prévenir un événement primaire était de 19 [IC 95%, 15 à 27]). Le HR pour le critère composite d’une baisse soutenue du DFG estimé d’au moins 50%, d’une insuffisance rénale en phase terminale ou d’un décès dû à des causes rénales était de 0,56 (IC 95%, 0,45 à 0,68; P <0,001), et le HR pour le composite des décès dus à des causes cardiovasculaires ou des hospitalisations pour insuffisance cardiaque était de 0,71 (IC 95%, 0,55 à 0,92; P = 0,009). Le décès est survenu chez 101 participants (4,7%) dans le groupe dapagliflozine et 146 participants (6,8%) dans le groupe placebo (HR 0,69; IC 95%, 0,53 à 0,88; P = 0,004). Les effets de la dapagliflozine étaient similaires chez les participants atteints de diabète de type 2 et chez ceux sans diabète de type 2. Le profil de sécurité connu de la dapagliflozine a été confirmé.
Conclusion
Chez les patients atteints d’insuffisance rénale chronique, indépendamment de la présence ou de l’absence de diabète, le risque composite d’une baisse soutenue du DFG estimé d’au moins 50%, d’insuffisance rénale terminale ou de décès de causes rénales ou cardiovasculaires était significativement plus faible avec la dapagliflozine qu’avec le placebo.
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Remarques :
- Comme les IEC ou les ARA2 les iSGLT2 ont un effet hémodynamique, à leur introduction la créatinine monte.
- Plus grand risque d’hypovolémie à l’introduction des iSGLT2, la posologie des diurétiques est peut-être à revoir quand on les introduit.