BJN#260: Dialyse péritonéale, CO2 et kangourous
Bonjour!
Marion Delafosse, néphrologue à Paris, vous propose une nouvelle BJN, merci à elle!
Celle-ci est en rapport avec l’article suivant: The Carbon Footprint of Peritoneal Dialysis in Australia, publié par Scott McAlister et al. dans le JASN en Aout 2024
Introduction
Le réchauffement climatique est une problématique majeure, et les activités de santé y contribuent largement (5ème poste d’émission mondial de gaz à effet de serre). L’objectif de cette étude était d’estimer l’impact carbone (équivalent de CO2) de la dialyse péritonéale, pour
Patients/matériels et méthodes
Les auteurs ont réalisé une analyse du cycle de vie, c’est-à-dire prenant en compte l’extraction de matières premières, l’énergie nécessaire aux procédés industriels lors de la fabrication des différents composants nécessaires à la réalisation de dialyse péritonéale, leur acheminement, l’énergie nécessaire à leur utilisation et leur éventuel recyclage. Les résultats sont exprimés en émission de CO2 équivalent (CO2 eq) pour une année de traitement. Les patients d’Australie occidentale ont été exclus car fournis par Fresenius et non par Baxter.
Résultats
Les émissions annuelles moyennes par patient concernant la fabrication et l’élimination des consommables est de 1992kg CO2 eq pour les patients en DPA et 1245kg CO2 eq pour les patients en DPCA. Cette différence s’explique notamment par l’empreinte carbone des sacs de drainage, les cassettes et l’électricité nécessaire pour la DPA. En prenant également en compte les transports, l’empreinte carbone s’élève de 2.3 à 4.5t CO2 eq en DPA et de 1.5 à 2.7t CO2 eq en DPCA. Des mesures telles que le recyclage du PVC constituant les poches de dialyse permet de réduire les émissions jusqu’à 14% en DPA et 30% en DPCA.
Conclusion
L’empreinte carbone de la dialyse péritonéale est non négligeable, autour de 3t de CO2 eq (pour vous donner un ordre d’idée, l’emprunte carbone annuelle d’un Français est de 9.2t CO2 eq) mais probablement inférieure à celle de l’hémodialyse (estimée entre 3.8 et 10.2t CO2 eq selon les pays). La DPCA a un impact un peu moindre. Les possibilités pour réduire encore cette empreinte carbone sont nombreuses et nécessitent d’être explorées !
Les plus du papier
Question d’actualité et encore peu étudiée
Données assez exhaustives sur le cycle de vie des composants et méthodologie robuste avec des données fournies par l’industriel
Plusieurs pistes explorées pour diminuer l’empreinte carbone de la DP (sac réutilisable pour le drainage, plus de sites de recyclage du PVC, eau stérilisée à domicile, dialyse incrémentale…)
Les critiques
Etude non extrapolable : faite uniquement avec les produits Baxter et dans une partie de l’Australie. Or l’impact carbone dépend énormément des transports des matériaux (par définition extrêmement variables en termes de distance et de mode de transport d’une région à l’autre) ainsi que de l’intensité carbone de l’électricité utilisée dans les usines (qui dépend généralement elle-même du mix électrique du pays, en Australie assez mauvais car centrales à charbon)
Pas de données précises de la composition des cycleurs de Baxter, donc estimation avec une autre machine
Pas d’étude de l’impact environnemental « non carbone » (pollution chimique notamment) et consommation en eau
Pas d’évaluation de l’impact des médicaments, des biologies et du transport du personnel si dialyse assistée (comme c’est beaucoup le cas en France par exemple !)
De nombreux membres du CJN s’engagent également pour la néphrologie verte, bilan carbone de la DP à Caen en cours d’élaboration (en vous en reparlera donc prochainement…)
Si vous aussi vous voulez calculer votre emprunte carbone : https://www.myco2.com/
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