BJN#77 L’hypopara au long cours pose toujours des questions…
Long-term complications in patients with hypoparathyroidism evaluated by biochemical findings – a case-control study
Introduction
L’hypoparathyroïdie, c’est l’association d’une hypocalcémie et d’une sécrétion inappropriée d’hormone parathyroïdienne (PTH). Le tableau associe le plus souvent une hyperphosphatémie et des symptômes (crampes, etc…). Si le traitement associe le plus souvent aussi des sels de calcium et de la vitamine D (active), les complications sont peu (mal) connues, en particulier la survie rénale.
Patients/matériels et méthodes
Tous les danois sont enregistrés dans une base de données nationales dès leur naissance, depuis la fin des années 1970. Tous les patients répondant aux critères d’avoir une hypoparathyroïdie chronique (plus de 6 mois) ont été inclus : ils ont été reconnus grâce à leur traitement (vitamine D active) ou le codage de leur maladie. Seuls les patients ayant une hypoparathyroïdie chirurgicale post-thyroïdectomie (pour cause bénigne ou tumeur de la thyroïde) ont été inclus. Les données de biologie sanguine ont été collectées à partir de la base.
Résultats
459 patients ont pu être identifiés : 380 avaient à la fois des données de biologie et une hypoparathyroïdie post-chirurgie. >95 % d’entre eux sont traités par un analogue de la vitamine D. 41 % d’entre eux ont eu au moins un épisode d’hypercalcémie en cours de traitement. La mortalité (toutes causes confondues) était significativement associée à l’augmentation de la phosphatémie et/ou du produit phosphocalcique. L’insuffisance rénale était significativement associée à l’augmentation du produit phosphocalcique, à l’ancienneté de l’hypoparathyroïdie et aux épisodes d’hypercalcémie.
Conclusion
Les auteurs concluent que les perturbations du calcium et du phosphate conduisent à des complications à long terme. Leurs recommandations sont de viser une calcémie dans les valeurs basses de la normale, ainsi qu’une phosphatémie dans les valeurs basses de la normale. Pour cela, il ne faut pas hésiter à utiliser de fortes doses de vitamine D active, mais en surveillant de près la calcémie pour éviter les épisodes d’hypercalcémie.
Les plus du papier
Une corrélation biologie/complications
Un caractère systématique du recueil à un niveau national
Les critiques
Parler de maladie rénale et n’avoir de données urinaires que pour 7 patients…
Si peu de patients pour toute une nation, il y a certainement un biais de recrutement, en particulier, il y a probablement beaucoup de patients non traités.
Pas d’informations sur le traitement par diurétique thiazidique et/ou PTH recombinante.
Les conclusions sont tirées des seules données disponibles : donc des patients chez qui la phosphatémie étaient susceptible d’être utile.
Ces données demandent à être confirmées : en France ? cf. l’étude Epi-Hypo www.epihypo.org
Merci à Jean-Philippe Bertocchio, Néphrologue à Paris et Président du CJN, pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !