BJN#78 Le match de la compatibilité !
Class II Eplet Mismatch Modulates Tacrolimus Trough Levels Required to Prevent Donor-Specific Antibody Development
Introduction
En transplantation rénale, compte-tenu des risques de développement de DSA de novo et de rejet du greffon, les modalités de minimisation des anti-rejets demeurent inconnues et les pratiques sont actuellement guidées par plusieurs paramètres notamment la compatibilité HLA entre donneur et receveur. L’équipe de Wiebe s’est intéressée à l’incompatibilité HLA en terme d’eplet c’est-à-dire d’acides aminés de surface, cibles plus spécifiques de l’allo-reconnaissance des anticorps. Ils ont tenté de déterminer les taux résiduels de tacrolimus optimaux pour limiter la survenue de DSA de novo en classe 2 (HLA-DR et HLA-DQ) en fonction du nombre d’incompatibilité d’eplet en classe II.
Patients/matériels et méthodes
Entre janvier 1999 et janvier 2015, 596 patients non immunisés ont été inclus dans cette étude de cohorte dont la majorité ont reçu un protocole incluant tacrolimus, cellcept et corticoides. 50011 taux résiduels de tacrolimus ont été analysés sur une periode de suivi de 87 mois en moyenne. Les typages HLA ont été réalisé en haute résolution avant d’utiliser le logiciel de caractérisation des eplets HLA Match maker version 2.0.
Résultats
66 receveurs sur 596 ont développé des DSA de novo en classe II (11%) dont 23% d’HLA-DR, 56% d’HLA DQ et 21% des deux associés. L’incidence de DSA de novo de classe II était supérieure de 2,7 fois chez les receveurs sous ciclosporine versus tacrolimus. Les nombres d’incompatibilités d’eplets HLA-DR et HLA-DQ distinct prédisaient la survie sans DSA de novo respectivement pour HLA-DR et –DQ avec des seuils supérieurs à 11 incompatibilités pour chacun. Ces receveurs à haut risque de développement de DSA de novo avaient significativement plus de taux de tacrolimus résiduels en dessous de 5ng/ml par rapport aux receveurs de même risque n’ayant pas développé de DSA. Cependant les receveurs à faible risque immunologique (< ou = 11 incompatibilités d’eplets HLA-DR et –DQ) toléraient les même taux résiduels de tacrolimus sans développer de DSA. Les incompatibilités d’eplets modulaient l’effet des taux résiduels de tacrolimus sur le développement de DSA de novo.
Conclusion
Les incompatibilités HLA-DR et HLA-DQ en terme d’eplet et les taux résiduels de tacrolimus prédisent le développement de DSA de novo. Les receveurs à haut risque immunologique (> 11 eplets incompatibles ne doivent pas avoir des taux résiduels cibles inférieur à 5ng/ml, et le cas échéant, une surveillance rapprochée des DSA est nécessaire.
Les plus du papier
La robustesse de cette étude réside dans sa cohorte importante, son nombre conséquent de receveurs ayant développé des DSA de novo et de taux résiduels répertoriées, ainsi que ses phénotypages complets en classe II incluant les chaines HLA DRB1/3/4/5 et HLA DQa1/B1.
Par ailleurs les auteurs s’intéressent pour la première fois au lien entre immunosuppresseurs et eplet en délivrant un message pratique aux cliniciens, mettant en lumière l’intérêt d’une utilisation au quotidien pour l’adaptation des protocoles d’immunosuppression.