BJN#86 – Prédire les infections sévères chez les greffés rénaux, c’est possible!
Natural Killer cell function predicts severe infection in kidney transplant recipients
Merci à Bétoul Schvartz, Néphrologue à Reims et membre du conseil scientifique du CJN, pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !
Introduction
Les cellules Natural Killer (NK), part de l’immunité innée, sont indépendant du complexe majeur d’histocompatibilité et ne sont que peu modifiés par le traitement immunosuppresseur. Elles sont divisés en 2 : NKbright qui sont des NK au stade précoce de différenciation et qui sécrètent de l’interféron gamma (INFγ), et NKdim qui sont au stade tardif et impliqués dans la cytotoxicité.
L’objectif est de déterminer si la fonction NK est prédictive d’infection sévère chez le greffé rénal.
Patients/matériels et méthodes
Cette étude prospective monocentrique, menée à Monash Health (Melbourne, Australie) a suivi des patients greffés rénaux de plus de 18 ans et avec une fonction rénale stable depuis au moins 3 mois. Etaient exclus les patients qui avaient une infection avant ou au moment de l’inclusion ou ceux qui avaient une augmentation de l’immunosuppression du fait d’un rejet.
Les NK étaient quantifiés dans le sang périphérique (CD56+brightCD16–, CD56+dimCD16+, CD56+dimCD16– et CD56–CD16+). La fonctionnalité NK est déterminée par la capacité à cliver le substrat Pantoxilux (exprimé en pourcentage de cellule cible K562 lysée par les cellules NK au bout de 60 minutes d’incubation).
Les infections sévères étaient définies par des infections nécessitant une hospitalisation. Les données étaient alors recueillies. La durée de suivi était de 2 ans.
Résultats
168 patients ont été inclus et suivis pendant 2 ans.
59 patients (35%) ont eu une infection sévère avec un total de 141 infections sévères dont 68 prouvées microbiologiquement. 48 patients (29%) ont développé une infection (45 patients) ou un cancer (3 patients) associé aux NK.
Le nombre moyen de cellule NK était plus bas chez les patients qui ont développé par la suite une infection sévère (p=0.026), sans prédominance significative d’une sous population NK. De même, la fonctionnalité des NK était plus faible dans le groupe qui a secondairement développé une infection. (p=<0.001)
En analyse multivariée, la fonctionnalité NK était associée à un moindre risque de développer une infection sévère (OR 0.82 95%, CI 0.74-0.90 p<0.0001) mais pas leur nombre.
En utilisant un modèle non ajusté, le meilleur cut off pour prédire la survenue d’infection sévère est une fonctionnalité NK < 13,5% (sensibilité 80% et spécificité 67%)
Conclusion
Cette étude est la première à démontrer que la diminution de la fonctionnalité des NK (capacité à lyser les cellules en culture) est un prédicteur indépendant d’infection sévère chez les patients transplantés rénaux avec un cut off de 13,5%.
Les plus du papier
Première étude qui s’intéresse à la fonctionnalité des NK et pas uniquement leur nombre.
Construction d’un modèle ROC avec un cut off pour prédire les infections sévères chez les greffés rénaux.
Les critiques
Pas d’information sur les infections virales peu sévères (herpès labial, zona …) liées aux NK.
Pas d’information sur la sécrétion de cytokines.
Réalisabilité du test en routine ?