BJN#95 – Hypertension : un nouvel intérêt de la MAPA ?
Relationship between Clinic and Ambulatory Blood-Pressure Measurements and Mortality
Merci à Anne-Sophie Garnier, Néphrologue à Angers et membre du Conseil Scientifique du CJN, pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !
Introduction
La mesure ambulatoire de la pression artérielle (MAPA) est la méthode de référence de confirmation d’une HTA diagnostiquée au cabinet. Plusieurs études ont montré que la MAPA avait également un intérêt pronostique pour la détermination du risque cardiovasculaire.
L’objectif de cette étude était d’évaluer l’impact pronostique des mesures cliniques et ambulatoires de la pression artérielle (PA), ainsi que des différents profils d’HTA (HTA persistante, HTA blouse blanche, HTA masquée, HTA contrôlée).
Patients/matériels et méthodes
Les patients inclus dans le Registre espagnol de PA ambulatoire étaient des adultes ayant une indication de MAPA selon les recommandations standard (HTA blouse blanche, HTA résistante, HTA labile, évaluation de l’efficacité du traitement antihypertenseur).
La mesure de la PA au cabinet (PA clinique) a été réalisée de façon standardisée, par appareil automatisé (85% des cas) ou par sphygmomanomètre à mercure. La MAPA était réalisée par appareil automatisé et était considérée comme valide si plus de 70% des mesures prévues étaient enregistrées sur les 24 heures.
Les données concernant la mortalité ont été recueillies à partir du registre vital de l’institut national statistique espagnol, à l’aide des codages réalisés par les médecins.
L’analyse statistique a reposé sur 2 modèles de Cox:
- le premier modèle a été ajusté sur l’âge, le sexe et les principaux facteurs de risque cardiovasculaires (tabagisme, obésité, diabète, dyslipidémie), les antécédents cardiovasculaires et le nombre de molécules anti-hypertensives.
- Dans le 2e modèle, un ajustement supplémentaire a été fait sur les PA cliniques et ambulatoires, afin de s’assurer que les associations retrouvées étaient indépendantes.
Résultats
66 636 adultes ont été inclus dans le registre entre le 01 mars 2004 et le 31 décembre 2014. 2726 ont été exclus du fait de données manquantes. Sur les 63910 patients analysés dans l’étude, 58% étaient des hommes, avec un âge moyen de 58.4 ans. La PA clinique moyenne était de 147.9/86.7 mmHg et la PA ambulatoire moyenne était de 129.2/76.5 mmHg. Après un suivi moyen de 4,7 ans, 3808 patients sont décédés, 1295 de cause cardiovasculaire.
La pression artérielle systolique (PAS) des 24 heures, mesurée par MAPA, était associée plus fortement à la mortalité toute cause (OR 1.58, après ajustement sur la PA clinique) que la PAS clinique (OR 1.02, après ajustement sur la PA des 24 heures).
Des résultats similaires ont été retrouvés dans les analyses stratifiées sur l’âge, le sexe, l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires et le traitement antihypertenseur.
Il n’y avait pas de différence significative sur la valeur prédictive de la mortalité globale et cardiovasculaire entre les PA ambulatoires nocturne et diurne (OR à 1,55 et 1,54, respectivement).
Conclusion
Dans cette étude, la PAS ambulatoire était un marqueur prédictif plus fort de la mortalité globale et cardiovasculaire que la PAS clinique. Parmi les phénotypes d’HTA, l’HTA masquée était associée au risque de décès le plus élevé.
Les plus du papier
Étude de l’intérêt pronostique de la MAPA dans une cohorte de large effectif, avec une bonne conception méthodologique et statistique
Analyse de la PA ambulatoire indépendamment de la PA clinique et ajustement sur les facteurs confondants, notamment cardiovasculaires
Les critiques
Biais potentiel de sélection liés aux critères d’inclusion (indication de MAPA)
Pas de données sur le traitement au cours du suivi, ni de données biologiques