BJN # 45 Différents types de rejets médiés par les anticorps : mythe ou réalité ?
Differences in pathologic features and graft outcomes in antibody-mediated rejection of renal allografts due to persistent/recurrent versus de novo donor-specific antibodies.
Introduction
Les rejets médiés par les anticorps peuvent survenir sous deux formes : le type 1 est associé à des DSA (anticorps anti-HLA dirigé contre le donneur) présents le jour de la greffe et persistants (ou ayant un rebond) après la greffe alors que le type 2 est associé à des DSA de novo donc non présents le jour de la greffe. Même s’il est admis que ces deux types de rejets sont différents sur le plan histologique, aucune comparaison n’avait, à ce jour, été réalisée.
Patients/matériels et méthodes
Dans cette étude réalisée à Los Angeles (Cedars-Sinai Medical Center), 80 rejets médiés par les anticorps diagnostiqués selon la classification internationale de Banff ont été inclus. 37 étaient de type 1 et 43 de type 2. Les deux types de rejets ont été comparés sur les variables cliniques du donneur et du receveur, le DSA au moment de la biopsie et l’histologie. Une étude de Cox univariée puis multivariée ont été réalisées afin de déterminer les variables indépendamment associées à la survie du greffon.
Résultats
Par rapport au type 1, les rejets médiés par les anticorps de type 2 sont apparus plus tardivement après la transplantation, étaient plus souvent associés à des DSA de classe II et étaient associés à plus de fibrose interstitielle et d’atrophie tubulaire, plus de lésions de doubles contours et plus de TCMR. Il n’y avait pas de différence de positivité du C4d entre les deux groupes. En analyse univariée, Le rejet de type 2, le temps post –transplantation (≥84 mois), le fibrose interstitielle et l’atrophie tubulaire, le TCMR et la diminution du score de DSA étaient associés à une moins bonne survie. En multivarié, les deux seules variables indépendamment associées avec la survie étaient la fibrose interstitielle et l’atrophie tubulaire et diminution du score de DSA.
Conclusion
Dans cette études les auteurs concluent que les deux types de rejets présentent un phénotype différent et distinct. Cependant il n’a pas été trouvé d’association entre le type de rejet et la perte du greffon en analyse multivariée.
Les plus du papier
Cette étude à l’avantage d’être l’une des premières à proposer une comparaison directe entre ces deux types de rejets.
Les critiques
La principale critique reste malgré tout le faible nombre de patients rendant les résultats peu robustes. L’absence de différence entre les deux groupes est probablement le résultat d’un manque de puissance statistique.
Les auteurs n’ont pas utilisé la MFI pour quantifier le DSA mais un score local rendant l’interprétation difficile.
Enfin, les choix de catégories de certaines variables (temps post-transplantation ≥84 mois, FIAT ≥ 3…) n’ont pas de rationnel statistique ou de fondement bibliographique. On peut se demander si ces choix n’ont pas été guidés par les résultats attendus par les auteurs…
Merci à Olivier Aubert (Néphrologue à Paris, Comité Scientifique du CJN) pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !