BJN#131 – Enfin du nouveau dans la néphroprotection des diabétiques ?
Canagliflozin and Cardiovascular and Renal Events in Type 2 Diabetes
Merci à Alexandre Decourt, Néphrologue à Cabestany et membre du comité scientifique du CJN, pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !
Introduction:
La Canaglifozine est un inhibiteur du co-transporteur tubulaire SGLT2 (Sodium Glucose Transport protein 2). Cette protéine est impliquée dans la réabsorption tubulaire de glucose au niveau du tube proximal. Son inhibition entraîne une glycosurie et augmente l’excrétion rénale de sodium (en inhibant sa réabsorption).
Plusieurs études ont évalué l’intérêt de cette classe thérapeutique dans la réduction des complications cardiovasculaires des diabétiques de type 2 et même une réduction du taux de décès.
De façon parallèle, plusieurs alertes de pharmacovigilance ont été émises concernant le risque d’infections urinaires, d’acidocétose, de fractures, d’amputation des membres inférieurs et de gangrène de Fournier.
Cette classe thérapeutique n’a pas d’AMM en France alors que la canaglofozine est autorisée aux États-Unis depuis mars 2013.
Méthodes:
Cette étude a repris les données de l’étude initiale ainsi que du complément d’étude mené à la demande des autorités de régulation afin d’avoir plus de données concernant la sécurité d’emploi du médicament.
Le regroupement de ces 2 études a permis d’inclure 667 centres dans 30 pays. Tous les patients ont été randomisés entre canaglifozine 300mg, canaglofozine 100mg et placebo.
Les critères d’inclusion étaient des patients diabétiques de type 2 de plus de 30 ans avec un risque cardiovasculaire élevé. Le débit de filtration glomérulaire devait être supérieur à 30mL/min.
Le critère primaire d’évaluation était composite : Décès de cause cardiovasculaire, infarctus du myocarde non fatal, AVC non fatal.
Un des critères pré spécifié intéressant particulièrement les néphrologues était un composite associant : la réduction du débit de filtration glomérulaire de plus de 40% sur 2 mesures, la nécessité de dialyser, le décès d’une cause rénale.
Résultats :
Au total 10 142 patients ont été inclus avec un suivi médian de 126 semaines (2,4 ans). L’age moyen était de 63 ans, le débit de filtration glomérulaire autour de 76ml/min et le diabète assez mal contrôlé (HbA1c 8%).
La canaglifozine permet une diminution du nombre d’événements composant le critère primaire avec un Hasard Ratio à 0,86 (95%CI 0,75 – 0,97).
Elle permet également de diminuer le critère composite rénal avec un hasard ratio à 0,60 (95% CI 0,47 – 0,77).
En analyse en sous-groupe sur le critère primaire, la canaglifozine semble profiter plus aux patients porteurs d’insuffisance rénale chronique, mais de façon non significative.
Concernant les effets indésirables, la canaglifozine semble augmenter l’incidence d’amputations, de fracture, d’infections urinaires chez les hommes, de mycoses génitales chez les femmes et induire une diurèse osmotique plus importante associée à une hypovolémie. En revanche pas de différence en termes d’insuffisance rénale aiguë.
Conclusion :
Chez les patients diabétiques à haut risque cardiovasculaire, la canaglifozine semble diminuer le critère primaire cardiovasculaire (décès cardiovasculaire, Infarctus du myocarde ou AVC) par rapport au placebo.
L’étude a également montré un bénéfice sur le plan néphrologique avec une diminution du risque de dégradation de la fonction rénale.
Il existe un sur risque d’effets indésirables qu’il convient de prendre en compte dans l’utilisation de cette molécule
Points forts de l’étude : Essai randomisé, nombreux participants, caractère multicentrique de l’étude
Limitation : Peu d’événements concernant l’insuffisance rénale de stade 5
Commentaire : L’apparition de cette classe thérapeutique semble séduisante y compris pour le néphrologue dans la prise en charge de la néphroprotection du diabétique.