Les jeunes néphrologues publient: L’hypercalcémie est fréquente chez les patients greffés atteints de Pneumocystose
Le CJN s’attache à mettre en avant les travaux scientifiques de ses membres et de la jeune génération néphrologique. Nous relayons ici l’article écrit par le Dr Aghilès Hamroun et son équipe. Félicitation à eux pour ce beau travail!
Hypercalcemia is common during Pneumocystis pneumonia in kidney transplant recipients
Contexte:
Quelques rares cas d’hypercalcémie associée à une pneumocystose ont été décrits dans la littérature depuis le début des années 2000, attribuant l’origine de cette association à une hyperactivité supposée de la 1α-hydroxylase. La prévalence et la signification de cette hypercalcémie en contexte de pneumocystose demeurent inconnues, plus spécialement dans la population des patients transplantés rénaux qui sont fréquemment sujets à l’hypercalcémie, le plus souvent en lien avec une hyperparathyroïdie autonomisée.
Population et méthodes:
Nous avons identifié rétrospectivement tous les cas microbiologiquement prouvés de pneumocystose chez les patients transplantés rénaux entre 2005 et 2017 au Centre Hospitalier Régional Universitaire de Lille. Nous avons ainsi étudié l’ensemble des paramètres du bilan phospho-calcique chez ces patients avant, pendant et après l’épisode de pneumocystose. Les caractéristiques cliniques de la pneumocystose ont également été étudiées, selon la présence ou non d’une hypercalcémie.
Résultats:
Une hypercalcémie (126±16mg/l) a été observée chez 37% des patients (n=18/49) au diagnostic de la pneumocystose, et a régressé chez tous les patients après le traitement anti-infectieux spécifique. Aucune autre cause d’hypercalcémie n’a pu être identifiée chez ces patients. Chez les patients hypercalcémiques, les taux de 1,25OH-vitamine D étaient élevés au moment du diagnostic de pneumocystose avant de décroître après le traitement anti-infectieux (124±62 versus 28±23 pg/mL, p=0.006) pendant que les taux de PTH présentaient une trajectoire inverse : initialement effondrés pendant la pneumocystose, ils revenaient à leur niveau antérieur après le traitement spécifique (35±34 versus 137±99 pg/mL, p=0.009). Enfin, la présentation clinique classique à type de dyspnée fébrile était moins fréquente chez les patients hypercalcémiques (29 versus 67%, p=0.02), présentant une forme clinique plus insidieuse (toux ou altération de l’état général non fébriles dans 2/3 des cas).
Conclusion:
Nous rapportons ici une association fréquente entre l’hypercalcémie et la pneumocystose chez le patient transplanté rénal. Compte tenu de cette importante prévalence et du lien temporel entre les deux événements, notre étude suggère qu’il s’agit là d’une association non fortuite. Par ailleurs, la présence concomitante de taux élevés de 1,25OH-vitamine D et de taux freinés de PTH au moment du diagnostic de pneumocystose permet de conforter l’hypothèse d’un mécanisme lié à une réaction granulomateuse. En conséquence, une hypercalcémie inexpliquée d’origine extra-parathyroïdienne (taux de PTH bas) chez un patient transplanté rénal devrait faire évoquer le diagnostic de pneumocystose, y compris en cas de tableau clinique atypique.
Fig1 Fig2