Les jeunes néphrologues publient #SFNDT2018: Technique d’anticoagulation régionale avec un bain de dialyse sans calcium : étude pilote en centre d’hémodialyse chronique
Le CJN s’attache à mettre en avant les travaux scientifiques de ses membres et de la jeune génération néphrologique. Durant la #SFNDT2018 les internes sont à l’honneur. Nous relayons ici le poster publié par Violaine Scarfoglière, interne de Néphrologie à Marseille, et son équipe. Félicitation à eux pour ce beau travail!
Le poster sera affiché jeudi à l’espace poster du congrès sous la référence PD56J
Technique d’anticoagulation régionale avec un bain de dialyse sans calcium : étude pilote en centre d’hémodialyse chronique
Introduction
En hémodialyse chronique, Il n’est pas rare de devoir réaliser des séances de dialyse chez des patients avec une hémorragie active ou dans un contexte à risque de saignement. L’anticoagulation de la circulation extracorporelle (CEC) durant la technique de dialyse intermittente est indispensable pour éviter la coagulation du circuit. L’héparine reste à ce jour l’anticoagulant le plus couramment utilisé. Nous rapportons une expérience d’utilisation d’une nouveau protocole d’anticoagulation régionale par un bain de dialyse sans calcium, évitant l’infusion de citrate dans la ligne artérielle du circuit extracorporel, mais nécessitant la restitution du calcium au niveau de la ligne veineuse.
Objectifs:
- Evaluer l’efficacité d’une anticoagulation régionale (AR) avec un bain de dialyse sans calcium en dialyse intermittente au sein d’une cohorte de patient hémodialysée chronique. L’efficacité était définie par la restitution de la CEC après avoir atteint la durée de séance prescrite sans coagulation du circuit extracorporel.
- Evaluer la tolérance d’une AR avec un bain de dialyse sans calcium en dialyse intermittente définie par l’absence d’hypocalcémie symptomatique
Méthodes
Etude rétrospective observationnelle monocentrique évaluant une technique simplifiée d’anticoagulation régionale à l’aide d’un dialysat sans calcium (Citrasate® 485, Hemotech, Toulouse, France) en hémodialyse intermittente. Trente-neuf patients hémodialysés chroniques avec un risque accru de saignement ou un saignement actif présentant une contre-indication temporaire ou définitive à l’héparine ont été inclus. (Post-opératoire, saignement digestif, Thrombopénie induite à l’héparine).
Les paramètres cliniques de la séance ont été recueillis toutes les 60 minutes. Nous avons comptabilisé le nombre de thromboses prématurées de la membrane de dialyse définie par un arrêt de fonctionnement dû à la coagulation du circuit ou à des signes de coagulation du circuit (présence de caillots, augmentation de la PTM ou de la perte de charge au-delà des alarmes prédéfinies). Nous avons évalué le degré de thrombose de la CEC après restitution par des échelles visuelles : l’index globale de thrombose (IGT) (de 0 à 4 ) et l’aspect du dialyseur (de 1 à 5). Les symptômes évocateurs d’hypocalcémie ont été relevés. En cas de symptôme clinique évoquant une hypocalcémie, une mesure de la calcémie ionisée était réalisée en urgence. Pour les patients bénéficiant de la technique de façon chronique, une mesure de calcémie totale était réalisée au bilan hebdomadaire de la séance du milieu de semaine avant le branchement.
Les séances ont été réalisées sur un moniteur de dialyse (DBB-05, NIKKIZO, Paris, France) dans l’unité de dialyse chronique de l’hôpital de la Conception, entre Novembre 2017 et Février 2018.
Résultats
Nous avons mené 157 séances d’hémodialyse, il y a eu 150 ( 95,5%) séances menées avec succès.
Nous avons eu 2 (1.3%) pertes de circuit et 5 thromboses prématurée ayant nécessité une restitution avant la fin de la durée de séance prescrite.
La durée moyenne des séances était de 232±22,5 minutes, le Kt/V moyen à 1,28 ±0,25, le pourcentage moyen de réduction de l’urée à 66±9 % avec un ultrafiltration totale moyenne de 1,5±1 Litres.
La moyenne du score de coagulation du dialyseur était de 2.90±1 sur 5, l’IGT moyenne était de 2±0,8 sur 4.
Aucun patient n’a présenté de signe clinique d’hypocalcémie. Un patient a présenté une hypercalcémie asymptomatique à 2,7mmol/L prise en charge par baisse du débit de réinjection de calcium lors des séances suivantes. Parmi les patients avec une contre-indication permanente à l’héparine, les calcémies moyennes hebdomadaires avant dialyse étaient de 2.34±0,11 mmol/L IC95%( 2,30-2,38)
Conclusion
Il s’agit de la première étude rétrospective observationnelle démontrant l’efficacité de cette technique d’anticoagulation régionale en hémodialyse chronique. Cette nouvelle technique ne nécessite pas de mesure systématique de la calcémie ionisée. Elle permet de s’affranchir de tout risque hémorragique pour le patient sans augmenter le risque de thrombose et de perte de circuit. Le taux succès de cette technique est équivalente à une dialyse classique avec de l’héparine (95%).
Cette technique pourrait devenir la nouvelle référence en s’appliquant à tous les patients hémodialysés . Ceci éviterait tout risque hémorragique dans cette population à risque et éviterait les effets pro-inflammatoires de l’héparine.