Les jeunes néphrologues publient : IRA sous anti-PD1, pas si rare que ça!
Le CJN s’attache à mettre en avant les travaux scientifiques de ses membres et de la jeune génération néphrologique. Nous relayons ici l’article écrit par le Dr Claire STEIN (Marseille) et son équipe. Félicitation à eux pour ce beau travail!
Acute kidney injury in patients treated with anti-programmed death receptor-1 for advanced melanoma: a real-life study in a single-centre cohort
Claire Stein, Stéphane Burtey, Julien Mancini, Marion Pelletier, Marion Sallée, Philippe Brunet, Philippe Berbis, Jean Jacques Grob, Stéphane Honoré, Caroline Gaudy, Noémie Jourde-Chiche
Nephrol Dial Transplant. 2020 Sep 17;gfaa137. doi: 10.1093/ndt/gfaa137
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32941608/
Introduction :L’immunothérapie par anti-PD1 a transformé le pronostic des patients atteints de mélanome malin métastatique, mais au prix d’effets secondaires immunologiques parfois sévères, dont de rares néphrites interstitielles aiguës. L’objectif de ce travail était d’évaluer l’incidence des évènements rénaux en « vie réelle » chez les patients traités par anti-PD1 de type Nivolumab et Pembrolizumab pour un mélanome métastatique.
Méthode : Il s’agit de l’étude rétrospective d’une cohorte « vie réelle » de patients atteints de mélanome métastatique, traités par Nivolumab ou Pembrolizumab entre 2014 et 2018, identifiés via l’OncoPharmacologie de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille (France). Les patients traités par Ipilimumab (anti-CTLA4) ont été exclus. Tous les bilans biologiques réalisés à l’hôpital et en ville ont été analysés. L’insuffisance rénale aiguë (IRA) était définie par une augmentation de créatininémie d’au moins x 1.5 par rapport à la base de chaque patient (classification CTACE). La survie globale, la survie sans IRA et l’impact de l’IRA sur la survie, ont été analysés. Des facteurs de risque de mortalité et d’IRA ont été identifiés.
Résultats : Nous avons inclus 239 patients avec des données exhaustives. La médiane de survie était de 13,4 mois (IC95% : 8,3-18,5). Au cours du suivi, 41 (17%) patients ont présenté au moins un épisode d’IRA (grade 1-2 pour la plupart des patients), dont un ayant nécessité la dialyse. Un traitement par inhibiteur du système rénine-angiotensine, l’insuffisance rénale chronique (IRC), la dose cumulée d’anti-PD1 et une ligne antérieure de traitement par Ipilimumab (Anti-CTLA4) étaient identifiés comme des facteurs de risque indépendant d’IRA. La principale cause d’IRA était fonctionnelle (diarrhées). Seuls 4 (1,7%) patients ont présenté une néphrite interstitielle aiguë (NIA) ; seuls 8% des patients ont développé une IRC. En parallèle, 117 (52%) patients ont développé une toxicité immunologique non rénale. La survenue d’une IRA n’impactait pas la survie des patients (HR 1.26, p=0.32).
Conclusion : Les épisodes d’IRA ne sont pas rares sous anti-PD1 mais sont le plus souvent fonctionnels, avec seulement 1,7% de NIA. Les évènements rénaux sont moins fréquents que les autres toxicités immunologiques. Les épisodes d’IRA n’impacteraient pas la survie globale des patients pris en charge pour mélanome métastatique.